Ca fait belle lurette qu’on nous promet monts et merveilles sur le cyber-continent vidéoludique. Seulement, si le jeu massivement online pêche par manque d’imagination des concepteurs, reconnaissons que la technique -en l’occurrence les connexions haut débit et le nombre de gamers/souscripteurs- n’atteint pas tout à fait encore les espérances de l’industrie. De fait, on limite les risques et en ce sens, le MMORPG (Massively Multiplayer Online Role Playing Game) s’avère être le genre le plus fédérateur. Ainsi, on a pu voir ça et là quelques tentatives, pour la plupart infructueuse, le choix des joueurs s’étant finalement porté sur deux titres devenus les symboles du genre : Everquest et Anarchy online. En France, Wanadoo Interactive, qui s’était déjà engouffré dans le filon l’an passé avec La Quatrième prophétie, remet le couvert avec Dark age of Camelot (DAOC), un MMORPG US de seconde génération. Bonne pioche, le soft de Mythic a déjà convaincu quelques 200 000 gamers outre-Atlantique. En plus de la localisation et de l’exploitation en français, Wanadoo Interactive se charge de l’animation, par l’intermédiaire de sa filiale jeux, Goa.
Pas franchement novateur au niveau du contexte, DAOC vous plonge dans un univers médiéval fantastique, entre le monde légendaire des Chevaliers de la Table Ronde et l’heroic fantasy rolesque de base. Le Roy Arthur vient de mourir et le royaume d’Albion, en l’absence d’autorité, s’enfonce tout droit dans l’anarchie la plus totale. Sur les deux îles-royaumes voisines, Hibernia et Midgard, les Elfes et les Vikings en profitent pour lancer quelques offensives organisées en Albion. L’enjeu de cette lutte ? Le pouvoir absolu que l’un des trois royaumes acquerra en subtilisant les reliques et autres talismans cachés sur les deux îles ennemies. Evidemment, c’est pas le genre de mission que l’on mène à bien en solo contre les autres joueurs. Et c’est là tout l’intérêt du MMORPG que d’imposer la formation d’une troupe ou l’intégration d’une guilde. D’autant plus conseillé que vous n’êtes pas dans DAOC sans arrêt déranger dans votre cyber existence par des player killers bas du front, le jeu se basant non pas sur un système basique de PvP (player versus player), mais sur un principe novateur de « realms versus realms ». En clair, vous n’avez pas la possibilité de faire la peau à un joueur natif de votre île. Pour livrer bataille, il faudra donc organiser des virées dans les royaumes ennemis ou bien encore défendre le vôtre contre des envahisseurs débarqués sur vos terres. D’où la nécessité, encore une fois, de progresser à plusieurs. Il est d’ailleurs franchement recommandé de résoudre certaines quêtes en nombre ou de combattre en groupe les monstres errants : les points d’expérience sont certes dispatchés entre tous les joueurs, mais au départ, c’est plus rapide et surtout bien plus efficace.
A l’instar de ses prédécesseurs, DAOC repose donc totalement sur l’accumulation de points d’expérience et le passage au niveau supérieur. A chaque niveau, vous obtenez des aptitudes supplémentaires, des sorts et des points de vie en allant voir votre trainer. Dans le même esprit, vous avez droit aux « trade skills », habiletés particulières qui vous autorisent, par exemple, à construire vos propres armes, à concevoir vos vêtements, etc. Voir même à expérimenter des combos en enchaînant différentes compétences. L’évolution du personnage dépend bien entendu de vos choix initiaux lors de la création de votre avatar. Répartition des points dans les compétences habituelles, choix de race (Bretons, Avaloniens, Elfes, Firbolgs -mélange d’humain et de géant) et de classe (30 au total dont paladin, archer, barde, clerc, magicien) pour un catalogue RPG on ne peut plus classique (possibilité de choisir une classe secondaire à partir du niveau 5). Plus vous évoluez, plus le niveau suivant est difficile à atteindre. Tentez au moins le niveau 15, impossible avant de s’aventurer hors des frontières de votre royaume…
On ne pourra pas reprocher à DAOC, comme on l’a fait avec ses concurrents, un manque de clarté dans l’interface de jeu ou une représentation plus ou moins confuse des mondes explorés. L’effort des concepteurs va jusqu’à introniser un système de code couleur pour nous renseigner précisément quant aux niveaux des adversaires -plus le combat est risqué, plus les point d’XP à récupérer en cas de victoire sont potentiellement élevés, cela va de soi. Il en va de même pour items, les armes et les objets magiques histoire de savoir d’un coup d’oeil s’ils sont adaptés ou non à votre avatar. Enfin le jeu de Mythic se distingue clairement du lot d’un point de vue purement graphique. Plaines vallonnées, marécages, forêts enneigées, terres volcaniques, la diversité des décors est impressionnante. Pour couronner le tout, chaque royaume présente ses propres paysages, sa faune environnante et son atmosphère. Sans aucun doute, le plus beau MMORPG disponible à ce jour.
Reste qu’il vous faudra un paquet de nuits blanches et de journées RTT pour faire évoluer votre avatar et apprécier les subtilités du jeu. En sus, une bonne dose de patience pour accepter de s’ennuyer ferme les premières heures de jeu passées à dialoguer dans le vide avec des PNJ cantonnés à leurs rôles de marchands ou formateurs, à dépeupler les forêts pour grappiller quelques malheureux points d’expérience. Question d’emploi du temps donc, et d’acharnement. Mais la durée de vie et l’intérêt véritable de DAOC dépend finalement des animateurs et de leur imagination. A savoir l’organisation de quêtes motivantes et d’événements originaux. En attendant, reconnaissons que le PC peut encore se targuer de tenir à l’aise le haut de la rampe en matière de jeux online… avant que les consoles, Xbox en tête, le remettent définitivement à sa place originelle de machine de bureau ? Triste sort.