Dommage, dommage… Alors qu’on attendait beaucoup de ce titre, notamment pour voir la maigrelette ludothèque de la Dreamcast s’épaissir, Sega déçoit avec cette triste adaptation du jeu d’arcade éponyme. Crazy taxi vous installe, inconfortablement, au volant des taxis les plus férocement irresponsables de l’Ouest américain. Ici, pas la peine de posséder son permis, vous devrez cueillir le client et le jeter aussi vite que possible à l’adresse demandée. Pour y arriver, une seule solution : se mettre dans la peau du chauffeur de taxi parisien le plus inconsciemment rentable. Tout ce qui compte, c’est de rapporter de la maille, des kopecks, par tous les moyens et ce n’est pas le code de la route qui vous donnera des leçons d’efficacité. Les riverains apprendront par la manière forte à qui appartient le bitume : les taxis sont les rois de la ville ! On vous barre la route en pleine course ? Pas de problème, optez sans état d’âme pour la bonne vieille méthode dite d’emboutissement. Comme les dégâts ne sont hélas pas gérés, autant se servir du véhicule pour mettre la ville à sac si le client le demande. Parce que le lascar a effectivement des exigences. Plus la conduite est dangereuse et spectaculaire, plus le porte-monnaie à l’arrière crachera de pourboires ! Maintenant, au-delà de la manière forte parfois nécessaire, sachez qu’il faut tout de même globalement éviter de toucher trop souvent les voitures (et ce n’est pas rare de voir des carambolages monstres…). Sinon le client risque d’être assez peu généreux. De plus, il vaut mieux ne pas perdre trop de temps pour louper la course. Il faut donc slalomer (entre les bagnoles, les poids lourds, les piétons…), grimper à toute berzingue sur des camions transporteurs de véhicules (vides bien sûr), couper à travers le parc. Dans ces conditions, le passager s’excite comme un môme sur un grand huit. Et vide son portefeuille… Le plus impressionnant est probablement ce curé, debout sur la banquette arrière, hurlant à la mort. Si en plus vous effectuez le largage du client en un temps record, vos tarifs sont revus à la hausse !
Un plaisir intense qui malheureusement ne dure pas. A la longue, une effondrante lassitude vous envahit. L’option choisie par Sega de coller à l’arcade comme un pneu sur la route ne convient décidément pas à une console familiale. Les collisions n’influent pas ici sur l’état du cab et encore moins sur la conduite du joueur. Plus grave encore : vous n’avez que deux villes à desservir (même pas reliées entre elles…). Une fois connues, on a l’impression d’errer misérablement à la recherche de surprises ludiques. Les différents modes présents sont très loin de combler les manques de Crazy taxi. La « Crazy Box » vous propose des petites épreuves destinées à jauger la folie nécessaire pour conduire de tels engins (décollage sur des rampes, retrouver un drapeau…). Ou encore traverser la ville de checkpoint en checkpoint pour se débarrasser des plus lambins. Pas de jeu à deux, pas de missions spéciales… Ce titre est bien loin d’arriver à la cheville de Driver sur PlayStation ou d’un Midtown madness sur PC. Crazy taxi a emprunté l’autoroute perdue qui mène tout droit à la mort ludique.