Qu’est-ce qui peut bien motiver Capcom pour nous ressortir année après année des ersatz de sa bonne vieille licence Street fighter ? Embrasser, sans doute, la nostalgie des futurs trentenaires pour qui 2D = golden age… On veut bien croire, nous qui avons gâché nos plus belles années prépubères sur Street fighter 2, que rien ne vaut la baston 2D, que le genre est encore d’actualité, lorsqu’on voit débarquer sur une console prétendument « nouvelle génération révolutionnaire du troisième millénaire » une resucée à peine liftée de Tekken 3. N’empêche, comparons deux secondes ce Capcom vs. SNK avec Soul calibur sur DC et DOA2 sur PS2… Quel est celui qui voudrait nous faire avaler que n’importe quel « Street fighter 3 alpha plus vs. Marvel vs. SNK vs. La Compagnie Créole » puisse rivaliser de jouabilité avec les hits 3D de Namco et de Tecmo ? Probablement un Francis Cabrel des jeux vidéo, celui-là même qui verse une larme en écoutant Noam brailler « Goldorak le grand » chez Arthur…
Mais soit, débarrassons-nous des préjugés et voyons voir ce que vaut ce joli GD… Le saviez-vous ? Capcom et SNK sont les plus grands éditeurs de jeux de baston bitmap. On vous épargnera la liste des jeux et de leurs sequels de Capcom. SNK, lui, est moins célèbre. Normal, ses jeux ont fait les beaux jours de la console Neo Geo –Fatal fury ou King of fighters pour ne citer qu’eux-, une machine clairement moins mainstream que la SNES… En toute logique, Capcom vs. SNK devrait être le jeu de baston ultime, avec une affiche aussi alléchante. Il n’y a que quelques hardcore-gamers un peu pointilleux qui remarqueront que certains personnages ont été un peu oubliés parmi les 25 restants.
D’ailleurs, la première impression est plutôt bonne. Habillage classe, ça nous change de l’esthétique arcade à 2 francs habituelle. Dans les menus, les personnages sont superbement représentés -surtout ceux de Capcom, hasard ? Les décors des arènes sont plutôt jolis à regarder. Les combattants, par contre, n’ont quasiment pas bougé d’un poil. Aspect 16 bits de rigueur, la nostalgie atteint ses limites. On reprend vite ses marques… Bas-diagonale-avant-coup de poing, bas-diagonale-arrière-coup de pied, le minimum syndical pour épater le voisin à grand renfort de coups spéciaux. Quelques nouveautés quand même, et plutôt intelligentes : d’abord, chaque personnage possède un « ratio » correspondant à sa puissance, sur une échelle de 1 à 4. Lorsque vous combattez, vous pouvez choisir un personnage de ratio 4 ou deux personnages de ratio 2, etc., le deuxième combattant prenant la place du premier lorsque celui se prend un K.O. dans les gencives. Deux systèmes de super-combo, ensuite : le Groove-Capcom et le Groove-SNK. Le premier permet de remplir une jauge de puissance à trois niveaux lorsque vous attaquez. Le second se remplit lorsque vous appuyez sur coup de poing et coup de pied en même temps.
Jusque-là tout va -relativement- bien, mais il y a un hic… La manette Dreamcast : le pad est trop rigide, peu précis, et inutile de tenter le stick analogique, ce serait pure folie. Là, pour le coup, on n’est vraiment plus devant sa Super Nes. Le confort de jeu en prend un sacré coup. Ca n’est pas à proprement parler complètement « injouable », juste très énervant. Ce qui nous amène donc à une conclusion en 3 parties :
– soit vous êtes un fanatique de la licence, vous avez acheté tous les dérivés, tous les sequels de Street fighter, vous êtes donc très riche et pouvez acheter le jeu, plus deux arcade sticks -indispensable !
– soit vous êtes un thuriféraire de la baston 2D, pas de salut dans la 3D… Attendez plutôt Guilty gear X, plus beau et, on l’espère, plus jouable et plus innovant…
– soit vous êtes allergique à l’esthétique 2D, vous ne jurez que par la 3D, on est sur une 128 bits, oui ou merde ? Attendez Soul calibur 2 si vous avez l’infinie patience.
… Barrez les mentions inutiles et passez à l’article suivant…