Call of duty 2 était le premier indicateur du génie d’Infinity Ward pour créer une expérience autotélique à partir d’un simple shooter. Mais c’est en laissant tomber les nazis et la Deuxième Guerre mondiale que le studio se dévoile sous son meilleur jour, depuis sa fondation. Prenant pour toile de fond la guerre contemporaine contre le terrorisme, Call of duty 4 se distingue des productions Tom Clancy par son traitement frontal de l’action. Comme il est de coutume dans la série, le titre s’appuie sur une action formatée à outrance, et si le level design apparaît plus ouvert qu’auparavant et s’autorise même occasionnellement quelques petites fantaisies, l’interaction avec l’environnement reste très limitée. On peut légitimement contester une telle approche, surtout lorsqu’on sait que des FPS comme Halo savent faire rimer action spectaculaire et gameplay sandbox. Pourtant, il est difficile d’en vouloir, ne serait-ce qu’une seule seconde, à Call of duty 4 d’aligner les scripts les uns après les autres : jamais sans doute un jeu n’aura plongé le joueur avec autant de conviction dans le marasme de la guerre, combats de rue, assauts sur un cargo en pleine tempête, escarmouches dans la campagne russe, etc. Call of duty 4 est mené tambour battant, la plupart du temps dans la confusion la plus totale, laissant le joueur complètement hagard.
C’est ce sentiment d’être lâché au milieu de la guerre totale qui rend le titre si incroyablement immersif, d’autant qu’il est le premier de la série a proposer un scénario captivant, alignant avec une indéniable maestria toute une série de moments cultes. Il faut vraiment admirer le travail des développeurs, leur création de scripts à la réalisation millimétrée : depuis Goldeneye ou le premier Half life, on a rarement eu autant d’occasions de s’émerveiller face à un design aussi soigné, où chaque « déclencheur » de script est idéalement placé pour donner l’impression d’un comportement humain chez vos adversaires. En refusant de céder à la mode du gameplay ouvert, Call of duty 4 pourrait presque s’envisager comme le pendant occidental du Resident evil 4 de Capcom, un ride furieux et frénétique qui laisse le joueur sur les rotules. Avec le soin maniaque d’un artisan, Infinity Ward prouve qu’un univers contraignant, mais parfaitement conçu, peut déboucher sur une expérience immersive unique. On appelle ça le talent.