Le jeu vidéo est une affaire de psychanalyse. De souvenirs durables, de jeux qui hantent, de mécanismes comme de genres qu’on voudrait voir se régénérer sans cesse. Le jeu vidéo n’aime pas le changement, et s’il donne sans cesse l’illusion de vivre au crochet d’un avenir permanent, c’est pour toujours mieux se nicher paradoxalement dans sa propre histoire.
On pourrait se servir de cette entrée en matière, un peu rapide, c’est vrai, pour résumer Apotheon. Centième itération du Metroidvania repeinte aujourd’hui aux couleurs des fresques de l’antiquité grecque, le jeu a du cachet, beaucoup, mais de quoi aussi laisser craindre la reprise de trop d’un genre déjà largement visité. Si le contact se révèle au départ aussi séduisant que déroutant, car approximatif (des combats brouillons contre des ennemis agités à la physique bizarroïde), progressivement le jeu installe son système et balaie les craintes. Alors émerge un titre soigné, élégant, fier d’en repasser avec bonheur par le dépliant traditionnel mythologique (Apollon, Hadès, Athena, Zeus, personne ne manque), pour alterner action, exploration, quête et chasse au trésor. Plus que par sa structure ouverte fidèle à Castlevania, le jeu marque des points par la variété et la dynamique de son système d’attaque (multiplicité des armes), qui couplé à une défense (au bouclier), ouvre à une dimension stratégique modifiant le rythme traditionnel du genre.
Si Apotheon ne réinvente pas la poudre, il a pour lui assez d’allure, de goût, et quelques idées, pour noyer le poisson de la nostalgie dans une variation qui se tient de bout en bout. On en revient toujours à la dette, en fin de compte.