On a tendance, à juste titre, à se méfier du genre gestion/simulation économique sur micro. Entre les softs prises de tête intégrale et les tentatives ludiques fantaisistes et/ou pas finies, les amateurs ont rarement de quoi rassasier leur soif de contrôle. Chez Monte Cristo, spécialiste du genre, on limite les risques en jouant la carte de l’humour, pour ne pas dire de la franche déconnade, et de l’humilité. Airline Tycoon ne déroge pas à la règle : graphismes cartoonesques et colorés, digressions gaguesques en tous genres, ambiances sonores guillerettes, etc.
Pour autant, nous voilà effectivement en pleine simulation économique, car il s’agit bien ici de faire envoler sa petite compagnie aérienne et d’écraser sans pitié la concurrence. Au total, quatre compagnies s’affrontent dans l’aéroport. Une fois la vôtre choisie, ouvrez grandes vos esgourdes pendant le briefing (on fera l’impasse sur les réunions matinales et quotidiennes suivantes, le big boss de l’aéroport ayant tendance à se répéter). On vit les premiers instants du jeu dans le bureau. A l’étage, chaque responsable de compagnie a comme vous son petit espace réservé. De là est prise la grande majorité des décisions : planification des affrètements, équipement des avions (confort des sièges, ambiance, repas), coups de fil à l’atelier d’entretien/réparation, aux ressources humaines -Belinda « Voici les nouvelles candidatures » et M. Hagedorn, comptable de gueule et de métier-, voire aux concurrents pour occasionnellement s’allier et contrer en force un adversaire trop ambitieux. C’est ici que le joueur fait le point sur le planning des vols, la gestion du kérosène et la situation financière de la société. Appréciez la phase bureau, pépère, tranquille. A l’extérieur, l’ambiance est nettement moins détendue. Entre les voyageurs retardataires, donc totalement speedés, les appels d’urgence au micro qui s’enchaînent sans interruption et la course frénétique des concurrents, difficile de rester concentré sur l’essentiel.
L’essentiel, justement, vous le découvrez au fur et à mesure de la progression dans le jeu. Les concepteurs ont eu la bonne idée de présenter les différents aspects du job de responsable de compagnie en plusieurs missions successives. Ainsi, l’attention du joueur se focalise d’abord sur les affrètements. Dix d’effectués seulement avant vos adversaires, et c’est gagné ! Facile. Pour ce faire, on consulte les offres proposées par les deux agences de voyages de l’aéroport. L’objectif étant d’empiler au plus serré les affrètements les uns à la suite des autres sur le planning de vos deux lignes sans que les horaires se chevauchent. Auquel cas les vols sont annulés et vous payez de fortes pénalités de dédommagement. Missions suivantes : même principe, les contraintes pratiques, économiques et géographiques en plus. Un véritable casse-tête lorsqu’il convient, comme dans la réalité finalement, de les cumuler toutes : assurer le transport d’un grand nombre de passagers, privilégier coûte que coûte les vols rentables (l’idéal : les vols de dernière minute longue distance ; encore faut-il ne pas se ruiner avec un retour à vide…), ou bien encore ouvrir des lignes spécifiques et les couvrir régulièrement. Question organisation, rien ne vaut le bon vieux micro portable qu’on achètera au Duty Free, s’il en reste. De quoi se passer du bureau lorsque la concurrence vous le saccage… Les coups bas sont légion dans Airline Tycoon, méfiez-vous. Et profitez-en ! Pour accroître sa notoriété et se forger une belle image de winner, un petit passage à la com s’avère plus qu’indispensable. Campagne presse, radio, ciné ou TV ? Reste combien dans la caisse, coco ? Qu’en pensent vos conseillers ?
Naturellement, le principe s’avère à la longue assez répétitif, on se lasse. N’empêche, Airline Tycoon respecte plutôt fidèlement la réalité, tout ça dans la joie et la bonne humeur. Gentil soft pour requin mal léché en gros.