Blizzard et Ensemble Studios ont en commun le fait de savoir systématiquement créer la surprise sans jamais réaliser de softs… surprenants. Autrement dit, en redorant le blason du STR, genre vieillissant qui rabâche, sans jamais le révolutionner -trop risqué probablement. L’un avec Warcraft : en apportant une petite touche RPG au troisième opus de la série, Blizzard a encore mis tout le monde d’accord. L’autre avec la saga des Age of empires initiée en 1995 par Bruce Shelley (« grand collectionneur de badges de Boy Scout » apprend-on grâce au dossier de presse !) d’Ensemble Studios et dont on découvre aujourd’hui le dernier rejeton. A vrai dire, la comparaison ne s’arrête pas là puisque les deux jeux s’en remettent dorénavant aux dieux pour sortir un peu des traditionnelles batailles humaines, offrant la possibilité au joueur d’user de pouvoir divins pour varier les plaisirs : dans Warcraft III, ils sont octroyés personnellement à chacun des héros après que ceux-ci aient déniché les artefacts sur la carte ; dans Age of mythology, c’est le joueur qui contrôle les pouvoirs divins affectés à aucun semi-dieu en particulier. Il les accumule en passant les Ages (archaïque, classique, héroïque et mythique), tout simplement.
Plutôt que de radoter en évoquant pour la énième fois le principe du STR (collecte des ressources -les « faveurs » en plus, nécessaire à la création d’unités mythiques-, construction des bâtiments, constitution des armées, défense, attaque), penchons-nous sur la grande (la seule ?) nouveauté de cette Age of mythology. Par chance, elle est de taille et contribue largement à faire de cette suite un incontournable en la matière. Si l’évolution de votre peuplade dépendait auparavant de la seule science, il faut dorénavant faire appel aux dieux de la mythologie grecque, égyptienne et scandinave pour avancer. Prenez les Grecs : en début de partie, vous sélectionnez une divinité sur les trois proposées. Avec Zeus, vous privilégiez l’infanterie et les héros, avec Poséidon, la cavalerie, et avec Hadès, les archers et les bâtiments. Ensuite, lorsque que vous changez d’Age, votre protecteur vous accorde de nouveaux pouvoirs divins (offensifs, défensifs ou économiques, tous utilisables une seule fois), la possibilité d’adjoindre à vos armées de nouvelles unités mythiques (Minotaures, Centaures, Manticore et autres Colosses) et des améliorations particulières selon que vous choisissiez les faveurs d’Athéna, d’Hermès, d’Apollon, de Dionysos et autres divinités mineurs.
Comme dans Warcraft III, Age of mythology propose dorénavant la gestion de héros, des semi-dieux en quelque sorte. Aucune notion rôlesque en revanche avec ces unités de luxe qui ont tout de même l’avantage de ne jamais succomber : au contact de vos troupes, les héros morts ressuscitent, et il vaudra mieux éviter de les laisser inanimés en plein coeur d’une forteresse ennemie. Seul point commun entre tous les opus de la série finalement, la conquête. Une constante évidemment dans le STR. A ce niveau là, rien de neuf, l’équipe d’Ensemble Studios ayant scrupuleusement appliquée la recette qui a fait le succès des opus précédents. La campagne solo vaut le détour, sachant qu’on ne vous impose pas systématiquement d’exterminer l’adversaire. Libérer des héros prisonniers, réveiller des entités mythiques, telles sont, par exemple, les objectifs d’Arkantos, jeune atlande protégé de Zeus dont la mission consiste à lever le siège de Troie et à récupérer le trident de Poséidon volé lors d’une attaque pirate. Quête principale qui le mènera de la Grèce Antique aux plaines enneigées des terres scandinaves, en passant par les déserts d’Egypte. Bref, largement de quoi apprécier toutes les innombrables subtilités du jeu et se familiariser avec les trois civilisations avant de poursuivre la conquête online… Question design enfin, là où Warcraft III adopte les couleurs criardes/flashy, Age of mythology fait dans la sobriété, le réalisme et la précision. C’est beau, franchement spectaculaire même lors des interventions divines (feu de forêt, éclipse, sables mouvants, pluie de météorites, tornade, orage foudroyant).
La question Fnac Micro pour finir : Warcarft III, Age of mythology, lequel choisir ?… fini.