Dans l’almanach 2000 du métallo, sûr qu’on va souvent souhaiter la Saint-Watcha. Et s’ils passent du côté de chez vous, n’hésitez pas… Foncez vous décrasser : sensations pures et fun garantis grâce à ces cousins (pas si éloignés) du hopcore. Rencontre avec Butcho Vukovitc, chanteur du quintet parisien, à l’occasion de la sortie de leur deuxième brûlot : Veliki Cirkus (WET/M10).


Chronic’art : Depuis que votre premier album est sorti, il y a deux ans, vous avez rassemblé un public enthousiaste (cohue dans les Fnac pour des signatures, paroles reprises en chœur lors des concerts)…

Butcho (chant, paroles) : Oui, c’est génial, mais attention, dans ce milieu tout va très vite ! Les gens s’imaginent qu’on a vendu 100 000 ou 60 000 exemplaires du premier album mais ils sont loin du compte ! On ne fait pas une fixation sur la tune. C’est surtout une question de poids face à l’industrie. Si c’était pour le fric, on vendrait nos CD pendant les concerts. Mais on refuse, car ce qui compte, c’est combien de CD tu vends chez le disquaire. Pour pouvoir ensuite leur dire, « on vend tant, on peut continuer à faire ce qu’on veut ». Tu sais, on s’est rendu compte qu’après les concerts les gens venaient faire signer nos CD piratés -sans penser à mal ! C’est généralisé, Ok. Mais ça fait quand même chier… J’ai rien contre la gravure, mais pour un groupe qui commence à avoir une notoriété, ça représente un danger car il est encore fragile. On se bat contre ça et on n’est pas les seuls. Certains groupes de rap connaissent les mêmes problèmes.

Vous devez d’ailleurs être le premier groupe à avoir fait une chanson contre le piratage !

Tu crois ? (il chante) : « On est grave pas des re-sta alors grave pas mon vail-tra. Sers-toi de ton graveur pour faire des copies de Final fantaisy VII ou des skeuds de starlettes, des lavettes qui s’la pètent ratissant du gent-lar easy. Genre Smith bastard Willy ! » mais ce n’est pas moi qui la chante c’est Marc de Pleymo qui fait un featuring sur deux morceaux pour l’album. J’ai écrit les paroles ; elles lui plaisaient, il l’a chantée. Et il a tellement assuré qu’on l’a gardée sur l’album.

Vous utilisez beaucoup Internet ?

Oui, avant il n’y avait qu’un site non officiel fait par un copain du Possee Nowhere. Mais pour Veliki Cirkus, on a créé le nôtre avec nos bios, de l’audio, les lyrics et même un concours pour faire gagner des places pour l’Elysée Montmartre, le 15 février. On va bientôt le rendre plus délirant avec trois versions. L’une qui montre les vrais Watcha, nous ! Des Watcha qui auraient mal tourné, genre gros riches qui ne répètent plus que le dimanche ! Et des loosers, des mecs qui ont commencé à faire un truc et puis qui ont arrêté (rires) ! Mais on n’a pas encore de photos pour illustrer ça. Il est question qu’on se déguise en Village People pour faire les riches (rires) ! Pour finir sur le site, on a ouvert un forum où l’on propose aux visiteurs de faire la set-list des concerts ou de nous laisser un mot ; qu’il soit sympa ou non. C’est un espace bien utilisé et varié. Parfois, il y a des joutes mémorables entre partisans et moins conciliants -qui sont pas nombreux quand même- mais heureusement, ma soeur veille et nous défend ! (rires)

Que signifie Veliki Cirkus, le titre de votre deuxième album ?

C’est du yougoslave, et ça veut dire « le grand cirque ». C’est ma deuxième langue. Mais ce n’était pas intentionnel. Il se trouve qu’en studio j’ai commencé à improviser des paroles sur Veliki Cirkus et j’ai trouvé les consonances mortelles. Les autres membres de Watcha aussi. Alors on a tout laissé comme ça. Mais l’expérience ne m’a pas déplu et je pense qu’à l’avenir je composerai davantage en yougoslave. Ca nous donne une originalité linguistique de plus pour un album également chanté en français et en anglais. Et enregistré en Flandres (rires) !

Pourquoi le « grand cirque » ?

Parce que ça a plusieurs sens. Le divertissement ou le bordel. Et puis il représente un lieu. Ca peut être le monde comme le chapiteau à côté de chez toi… En ce moment, il faut reconnaître que c’est plutôt le Mal qui a le dessus. Mais, il faut s’amuser quand même dans ce cirque. La dualité fait partie de la vie à tous les niveaux. Nous, on fait avec les deux…

Le Mal, c’est ce monstre qui illustre la pochette de Veliki Cirkus ?

Oui. A l’origine, c’est un masque fabriqué par Marc de Pleymo. Il donne le ton à l’album. Et c’est une composante de toi, de moi. En cela, il est aussi un personnage de scène, il apparaîtra dans le clip de Cupide. Il représente justement le mauvais côté de cette dualité. Mais elle est fondamentale car, comme on la combat, elle est très créatrice, et donne la hargne. On essaye d’ailleurs sur chacun de nos morceaux de ne pas rester linéaires mais de montrer la diversité des émotions, même si on y va à l’arrache ! Je m’amuse beaucoup à jouer l’odieux sur scène.

Vous avez beaucoup de dates prévues ?

Au moins une cinquantaine avant l’été dont deux à l’Elysée Montmartre (notamment le 18 mai avec Shovel et Pleymo ; à ne pas rater ! ndlr). On adore ça. L’important c’est que les gens s’amusent. C’est de communiquer ce que l’on fait.

Si on regarde les goûts de Watcha, comme NTM, Korn ou Fishbone, on peut être aussi étonné de trouver des gens comme Coltrane, Buckley ou Portishead.

Je ne trouve pas ça anormal. Watcha est une réunion de personnalités différentes et même si la dominante est hardcore, on intègre pas mal de samples. On joue sur les boucles. Sur l’un des titres de Veliki Cirkus, il y a même du violon. Ca s’est fait par hasard, pendant l’enregistrement en Belgique. Et on a rencontré, dans un bar, un vieux violoniste russe de formation classique. Il a accepté de jouer sur un passage quasiment punk sur Veliki Cirkus. Si on m’avait dit cela il y a un an ! Personnellement, Buckley, j’ai du mal. En fait, s’il y a un groupe qui fait l’unanimité chez Watcha, c’est Meshuggah ! Ils sont suédois et franchement ils « tuent » avec une grande technicité. Ce doit être d’anciens jazzeux…

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?

Que tous nos vœux se réalisent mais rien n’est calculé. Tout ce que je sais c’est que, depuis que Watcha existe, on n’a jamais cru aux miracles : il faut bosser grave. On n’a pas un neurone de moins que les Américains. Nous aussi en France, on est branchés sur les nouvelles technologies. Personnellement, j’aimerais bien que les gens qui n’apprécient pas ce qu’on fait se disent qu’ils peuvent faire mieux. Et que d’autres pensent la même chose en les écoutant et ainsi de suite…. Pour finir, on voudrait faire une spéciale dédicace à tous ceux qui écoutent nos disques à DONF en sautant sur leurs lits et en soûlant leurs voisins !

Propos recueillis par

Lire notre critique de Veliki Cirkus, le deuxième album de Watcha
Watcha vient de rejoindre récemment le tourneur Sriracha qui s’occupe notamment de Ltno ou Lofofora. Watcha a aussi un site officiel.
Comme celle du rap, la scène française hopcore est très exemplaire dans la façon fraternelle et active qu’elle a de se promouvoir : webzines, chats, associations regroupée en possee (le Nowhere). On trouvera tout ce qu’il faut savoir -ou apprendre- sur ce site au nom explicite : Da French Milfa