Venus de Glasgow, Sons And Daughters ont sorti leur album sur un petit label américain, avant de le voir réédité par Domino. Sept titres de rock primitif et tendu, chantés à deux voix. Réponses de Scott Paterson.
Chronic’art : Votre nom a un petit côté christian rock. D’où le tirez-vous ?
Scott Paterson : Le nom Sons And Daughters provient d’un rêve qu’Adele a fait il y a plusieurs années de cela, quand elle vivait encore dans la maison de ses parents. Elle rêvait que Bob Dylan jouait au sommet du jardin de ses parents The Times they are-a changin’ et elle s’est réveillée quand il disait « your sons and your daughters are beyond your command… ». Le nom est resté depuis… Ca n’a rien à voir avec du christian rock. Quand on a fait des recherches sur Internet, récemment, on a découvert qu’il y avait un autre groupe nommé « Sons And Daughters », qui faisait partie d’une association chrétienne en Amérique, mais ça n’a rien à voir avec nous…
7 titres pour un album, c’est assez court… Vous ne vouliez pas rajouter de nouveaux titres à cette réédition ?
Nous étions complètement satisfaits de la durée de l’album et nous voulions sortir la même version que celle déjà parue aux Etats-Unis. Un album court, de présentation, qui encourage des écoutes répétées, c’était intentionnel. J’ai des albums de Léonard Cohen qui ne comportent que 7 ou 8 chansons et chaque fois qu’ils finissent on a l’impression qu’ils n’ont pas duré assez longtemps, alors on les remet sur la platine et on les rejoue. Ainsi ces disques là nous sont vite très familiers…
Comment avez-vous enregistré l’album ? Qu’est-ce qu’un mastering à Abbey Road apporte en plus ?
On a enregistré avec notre ami Andy Miller à Chem (les studios de Chemikal Underground à Glasgow), en une semaine l’été dernier, et nous avons tout fait live. On a jugé préférable de remasteriser l’album à Abbey Road pour le pressage vinyl, pour relifter un peu les passages les plus doux de notre musique.
Beaucoup de groupes actuels mélangent fille et garçon dans le chant et sur scène (The Kills, The White Stripes, The Fiery Furnaces). Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Androgynie, sexualité, complicité ?
J’aime les groupes dont les vocaux jouent avec cette dualité. Beaucoup des chansons de l’album traitent des relations hommes / femmes et la présence des deux voix masculine et féminine renforce les traits de caractères que nous jouons Adèle et moi… Cela permet aussi de donner deux points de vue, masculin et féminin, sur chaque situation à l’intérieur d’une seule chanson…
Vous utilisez fréquemment un beat très simple et très linéaire, pour rythmer vos chansons. Ce côté primitif de votre musique a pour objectif de faire danser les gens (les filles) ?
On a pris cette décision en toute conscience de faire des chansons simples avec ce rythme très droit, régulier et binaire. On aime bien voir les gens danser pendant nos concerts et cela modifie beaucoup nos performances si on voit les gens s’amuser également. Je ne dirais pas qu’on veut particulièrement « faire danser les filles », puisque c’est une citation des Franz Ferdinand.
Vos influences semblent plus américaines qu’écossaises. Vous écrivez sur Johnny Cash et avez ce beat très primitif. Quel est votre background musical ?
Nos influences sont très larges. On aime Johnny Cash, Bob Dylan et la folk music américaine, mais aussi Joy Division, Wire, Funkadelic, The Cure, Blondie, Nick Cave… Tous ces artistes ne produisent pas la même musique, mais nous prenons ce que nous aimons chez chacun d’entre eux et cela nourrit notre propre musique.
En tant que français, je ne saurais deviner quelle est la part de l’héritage folk écossais dans votre musique, comme la biographie de la maison de disque l’évoque. Pouvez-vous m’en dire plus ?
Personnellement, je n’ai jamais ressenti d’influence massive de la musique folk écossaise sur la musique que je joue. Je me sens plus concerné par la folk américaine des 20’s et 30’s qu’on trouve sur L’Anthology of americain folk music d’Harry Smith. En tout cas, la folk music a eu une importance équivalente pour notre musique à celle du post-punk, à la country aussi et même à la soul ou à d’autres musique de danse.
Comment vivent les musiciens à Glasgow ? Est-ce que vous voyez les uns les autres, jouez ensemble ? Je pense à Franz Ferdinand, Arab Strap, mais aussi à la génération 90’s des Pastels, Teenage Fanclub, BMX Bandits…
Glasgow est une très petite ville, et si vous aimez un certain genre de musique non-commerciale, vous ne pouvez pas éviter de vous retrouver toujours avec les mêmes personnes qui sont dans le même état d’esprit que vous. Nous aimons aller voir les autres groupes de Glagow, particulièrement Uncle John, Whitelock et Mother And The Addicts. L’ambiance en ce moment à Glasgow est très amicale et supportrice : les gens s’entraident plutôt qu’ils ne s’opposent, comme ça peut être le cas dans d’autres villes européennes. Glasgow a en effet un grand héritage musical avec les BMX Bandits, Orange Juice, Teenage Fanclub, les Pastels, jusqu’à Arab Strap, Mogwai, Belle And Sebastian ou les Delgados.
Une dernière question, toute simple (en anglais). Rock’n’roll is here to stay ?
Je ne pense pas que le rock s’en aille, où que ce soit. Je pense qu’il va définitivement rester. Depuis les 50’s, c’est le genre musical le plus constant quand les autres courants disparaissaient les uns après les autres (disco, punk, new romantics, new wave…). Le temps passant, je me sens de moins en moins excité par les courants récents, dérivés, les musiques les plus modernes. J’écoute par ailleurs de plus en plus de musique des 50’s et des 60’s, les disques d’Elvis Presley, Gene Vincent, Link Wray, Roy Orbison, etc. Donc, oui, le rock est ici pour rester, sans aucun doute.
Propos recueillis par
Lire notre chronique de Love the cup