Après Run the road, excellente compilation parue il y a quelques mois, le premier album très attendu du Roll Deep, crew fondateur et fondamental du grime, confirme que l’année sera belle pour la scène UK Garage. Interview de Target (Dj) et Riko (Mc).
Chronic’art : Quand avez-vous commencé cet album ?
Target : On s’y est mis au début l’année 2004, sans avoir déterminé de plan à l’avance, sans savoir comment ça allait sonner… On voulait juste faire un bon album avant tout !
Depuis plusieurs mois circulait sur Internet un album du Roll Deep intitulé Rollin’ deeper, avec des titres qu’on retrouve sur In at the deep end. Stratégie délibérée pour tester les réactions des fans ?
Non, rien d’intentionnel dans cette histoire. La vérité est que Wiley a perdu une copie de cet album alors qu’il traînait chez Footlocker (chaîne de magasins d’articles de sport). Le jour suivant, on pouvait le trouver sur les principaux serveurs peer-to-peer. C’était une version rassemblant des démos, des idées sur lesquelles on travaillait, pas un album achevé. On a beaucoup enrichi les titres de cette version, notamment les morceaux les plus « grimey », puis on a fait la sélection pour l’album final.
Certains titres rejetés pour l’album sortiront-ils ailleurs (procurez-vous la version avec DVD de l’album, on peut y entendre sur le court documentaire consacré au crew le magnifique Me, construit sur un sample tiré d’un disque de musique grecque pour restaurant !, ndlr) ?
Certains titres qu’on jugeait trop faibles pour l’album ne sortiront pas, ainsi que d’autres dont on n’a pu avoir les droits des samples, comme la version originale de Remember the days, on a refait la mélodie jouée au piano.
Comment fonctionnez-vous tous ensemble ? Les producteurs choisissent-ils les Mcs en fonction de leurs morceaux ou bien décidez-vous démocratiquement ?
Danny, Wiley et moi, on construit les beats, puis on choisit généralement les Mcs qu’on juge être les meilleurs… Ceci dit, avec un tel choix (une dizaine de MCs !, ndlr), c’est souvent la compétition pour avoir sa place sur chaque titre… Parfois, ça dépend de qui est dans le studio à ce moment-là.
Etiez-vous tous d’accord sur la dimension sonore davantage pop / hip-hop que grime de cet album ?
On a toujours voulu prouver notre capacité à faire différents types de musique, parce qu’on a vraiment été influencés par des genres très différents : reggae, rock, pop… On souhaitait que notre album reflète au mieux ce qu’on pouvait créer musicalement.
Comment le choix d’un sample peut-il construire, influencer un morceau, donner des indications aux Mcs pour leur flow ? Qui a eu l’idée de reprendre Heartache avenue, par exemple ?
Nos idées viennent de sources différentes, des samples comme de la vie quotidienne. C’est Wiley qui a eu l’idée pour The Avenue. Il a entendu la version originale à la radio et a pensé qu’on pourrait en faire un titre pêchu, juste en rajoutant des flows. Il l’a remonté en studio et le reste est de l’histoire désormais (The Avenue est le nouveau single du Roll Deep, ndlr).
Si votre album cartonne, quelle est la suite ? De nouvelles mixtapes, des albums solo ?
Si on a du succès, vous nous verrez partout ! Il y aura un second album, certainement, des projets solos, des produits dérivés, des films, des compagnies, et tout ce qu’on pourra entreprendre !
Les producteurs du Roll Deep ont-ils l’intention de travailler avec d’autres artistes, même en dehors de la scène grime ?
Bien sûr. Danny Weed et moi-même, on veut bosser avec d’autres personnes dans le monde entier ! On est actuellement sur l’album d’Alex Mills (la chanteuse soul qui contribue à l’album du Roll Deep, ndlr), sur le troisième volume d’Aim High, les compilations de mon label et sur les projets membres du Roll Deep.
(A Riko) Qu’en est-il de tes projets personnels ?
Riko : Je sors bientôt une mixtape, The Truth, et mon album viendra ensuite, très vite je l’espère.
Quels pourraient être le développement du Roll Deep Crew ? Pensez-vous inclure des femmes dans votre bande un jour prochain ? Ou créer un collectif de jeunes Mcs ?
Target : Si jamais on rencontre des femmes Mcs de qualité, on travaillera avec elles. Et on a déjà un groupe de jeunes qui s’appelle les Wile Out Ones.
Comment voyez-vous la scène grime évoluer ?
Je crois que les choses commencent vraiment à bouger. Il y a beaucoup d’artistes et de producteurs qui arrivent derrière nous, Leur musique est meilleure chaque jour. On est tous définitivement au bon endroit et au bon moment maintenant.
Propos recueillis par
Lire notre chronique de In at the deep end