Depuis le 22 octobre dernier, Rigoletto de Giuseppe Verdi est à nouveau à l’affiche de l’Opéra Bastille, dans une mise en scène de Jérôme Savary, avec dans le rôle titre Alexandru Agache et Laura Claycomb en Gilda.
Alexandru Agache est à n’en pas douter un Rigoletto admirable, baryton au timbre généreux dont les moyens vocaux ne prennent jamais l’ascendant sur la subtilité et la sensibilité de l’interprétation qui se doit d’être extrêmement flexible ici, puisque Verdi abandonne totalement, pour la première fois dans son œuvre, la séparation classique des différents genres « seria/buffa » et compose une musique soumise aux variations du drame qui mêle constamment le trivial au pathétique.
Laura Claycomb, quant à elle, excelle dans les aigus, régale son public de quelques somptueux « piano » filés mais sait avec grâce faire oublier sa virtuosité technique au profit d’un exceptionnel engagement dramatique, incarnant à merveille une Gilda tour à tour ingénue, fragile, fougueuse.
Que ce spectacle soit visuellement sans surprise, que la mise en scène de Jérôme Savary, paresseuse de bout en bout, ne sache à aucun moment exalter la singularité hybride de ce drame qui conjugue rire et mort, n’a que peu d’importance.
Depuis quelques lunes, l’orchestre de l’Opéra de Paris, rajeuni d’une trentaine de nouvelles âmes, s’applique à déployer des trésors de finesse. Sous la baguette de Carlo Rizzi pour Rigoletto, il rend à la musique de Verdi sa transparence dans l’harmonie des timbres, rehausse avec éclat la variété de ses couleurs et vous convie, toutes les 23 secondes, à frémir de bonheur en toute impunité.
Rigoletto de Giuseppe Verdi, jusqu’au 20 novembre (en alternance) à 19h30 à l’Opéra Bastille.