Une nouvelle génération d’écrivains pour une nouvelle génération de lecteurs, Editions J’ai lu -entre 19 et 32 francs- en librairie le 18 septembre.
Toute parution d’une nouvelle collection ne mérite sans doute pas d’être saluée comme un acte de résistance face à la médiocrité ambiante – regardez les écrivaillons doctrinaires, tendance gauchiste-misérabiliste, du Poulpe par exemple. Réunis sous l’appellation de « nouvelle génération d’écrivains », six auteurs – Claire Frédric, Virginie Despentes, Eric Holder, Louis-Stéphane Ulysse, Vincent Ravalec et Michel Houellebecq (notez ma correction, j’ai évoqué les dames en premier) – constituent la première salve d’une entreprise que l’on souhaite déjà voir se poursuivre tant les titres proposés (à deux exceptions près : M. Ravalec, qui au moment de la sortie de ces deux ouvrages au Dilettante, aujourd’hui réunis en un seul, écrivait déjà avec des Cotons-Tiges dans les oreilles, et Mme (Mlle ?) Despentes dont le petit monde des lettres s’est un peu trop rapidement épris sous prétexte qu’elle sait dire des gros mots et connaît plus de trois positions pour le coït) présentent des atouts déterminants. A savoir : il s’agit de véritables objets littéraires.
Nourrie par le réel, cette littérature urbaine renoue avec le récit sans s’encombrer d’un vocable précieux. Centrée sur un personnage principal, chacun de ces titres se révèle l’une des formes les plus abouties de la critique de la neurasthénie quotidienne – le remarquable roman de Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, est à ce titre exemplaire. Il fut lors de sa parution, le bréviaire de… toute une « génération », c’est-à-dire de cinq cents personnes dans les semaines qui ont suivi sa sortie, avant de recueillir les suffrages d’un plus vaste public.
Si peu de choses semblent a priori rassembler ces six auteurs aux talents fort variés (cf. le classement par ordre préférentiel situé juste en dessous), tous ont le mérite de restituer une part de réalité et de donner vie à leur histoire avec une justesse de ton et une proximité étonnantes.
Les éditeurs, qui souffrent généralement plus de bêtise que d’autres maux, montrent parfois que du bon sens et d’un minimum de goût peut résulter un joli projet. Cette nouvelle collection en est la preuve.
Martin Aston
– Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, 19 F.
– Louis-Stéphane Ulysse, Toutes les nouvelles de mon quartier intéressent le monde entier, 19 F.
– Claire Frédric, Kérosène, 19 F.
– Eric Holder, L’Homme de chevet, 19 F.
– Vincent Ravalec, Vol de sucettes, recel de bâtons, 32 F.
– Virginie Despentes, Les Chiennes savantes, 27 F.