Le Reality Festival est le premier festival international d’art spécialement consacré aux mondes virtuels : Pluridisciplinaire / Transversal. Le Reality Festival accueillera, du jeudi 30 octobre au dimanche 2 novembre 2008 une exposition, des performances, des conférences, des événements musicaux. Chronic’art, partenaire de l’événement, a interrogé les artistes dont vous pouvez découvrir les oeuvres pendant toutes la durée du festival au Door Studios à Paris*.
Dans le cadre du Festival Reality, Julien Levesque, jeune artiste multimédia, présente Avatars memory, un projet en construction qui s’interroge sur nos vies actuelles comme antérieures passées sur la toile…
Chronic’art : Pourquoi avez-vous accepté de participer au Festival Reality ?
Julien Levesque : J’ai accepté de participer au Festival Reality, car c’est à ma connaissance l’un des premiers festivals centrés sur les espaces virtuels et les Metavers.
Pouvez-vous nous dire deux mots sur votre oeuvre ?
Avatars memory est un cimetière d’avatars qui prend la forme d’un site web contributif, une base de données qui a pour vocation d’être alimentée par tout un chacun. Ce n’est donc pas une oeuvre conçue exclusivement pour Second life, mais plutôt pour l’ensemble des communautés, des plates-formes virtuelles et des réseaux sociaux. L’idée initiale de ce projet a débuté par une réflexion qui est la suivante : depuis le début de l’informatique, nous nous créons tous de nombreuses identités ou pseudos pour correspondre avec Internet. Ceux-ci constituent dans nos relations aux autres une manifestations de notre présence, un substitut de nous-même sur le réseau que nous pourrions appeler « avatar ». Pour diverses raisons, parfois ces multiples identités disparaissent (fermetures d’une plate-forme, résiliation de son compte) et il nous reste alors comme seule trace de ces relations des souvenirs qui progressivement s’effacent. Avatars memory se veut comme une mémoire des avatars disparus où chacun peut rendre hommage à ceux ou celles qu’ils ont été. Ce site Internet permet de faire perdurer une trace dans la mémoire collective des avatars déchus. Les avatars sont ainsi considérés comme une partie de nous-mêmes.
Quelles sont vos influences artistiques, littéraires, musicales ?
Au sein de l’histoire de l’art, j’apprécie particulièrement le mouvement surréaliste pour son ironie et les performances activistes des années 70 pour leur spontanéité et leur volonté de se libérer du joug des institutions muséales. Face à la création contemporaine, je me sens proche des artistes qui utilisent une économie de moyens et qui agissent dans l’anonymat, dans la dissémination et la surprise, par des intrusions dans l’espace public, là où l’art n’est pas attendu ou sur Internet par exemple. En fait, j’aime beaucoup les virus.
Est-ce que l’espace virtuel est devenu prédominant pour exercer votre activité d’artiste par rapport au réel ?
Il est vrai que depuis quelques années déjà, je me suis tourné vers une production sans contrainte de taille ni d’espace (si ce n’est un stockage sur un disc) en utilisant Internet comme support principal de médiation et comme matériau. Peut-être est-ce certainement aussi pour des raisons financières et d’auto suffisance… C’est une façon d’échapper pour moi au marché de l’art contemporain et à ses dérives. Je pense également que la création dans les espaces virtuels – avec l’usage des outils informatiques, j’entends – nous apporte de nouveaux terrains d’expression et permet de questionner de façon plus pertinente notre paysage contemporain.
Second life, on en parle plus trop actuellement, n’est ce pas un territoire virtuel expérimental un peu dépassé ?
Certes, Second life n’est pas le premier ni le dernier monde virtuel en vogue. Il n’y a qu’à voir le Projet du groupe Cryo de Canal + dix ans auparavant, Le Deuxième monde, et aujourd’hui le nombre d’univers virtuels disponibles en ligne comme le dernier en date de la firme Google, Lively. Second life a profité comme on dit maintenant d’un « buzz » exceptionnel généré par la presse, certainement dû au fantasme et aux scandales (prostitution, pédophilie…) qui lui ont été associé à ses début. C’est également par sa nouvelle perspective d’un monde à construire soit même, sa promesse d’un eldorado virtuel que Second life a vu son audience croître puis retomber par la suite. Cependant, je pense que Second life a encore quelques beaux jours devant lui. Il n’est pas encore tout à fait dépassé puisque que, pour le moment, c’est l’un des univers les plus intéressants en terme d’échange, de modélisation, et de travail collaboratif dans l’espace 3D.
* Door Studios : 9-9 bis rue Lesdiguières – Paris 4e (Bastille) – www.doorstudios.com
Voir le site du Festival Reality : www.reality-festival.com
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