Puyo Puyo est le projet solo de Pascal de The Brain, un duo de Dj electro-pop et vintage qui sévit depuis plusieurs années dans un esprit tourné vers l’absurde. Ensemble, ils sélectionnent des morceaux entrecoupés de textes non-sensiques qui lorgnent sur la poésie. Tout seul, Pascal endosse son costume d’alien et nous emmène sur une planète transformée en jeu vidéo, sans règle ni but.
Chronic’art : Est-ce que tu peux nous expliquer le concept Puyo Puyo ?
Pascal Le Brain : Un concept ? Je ne sais pas s’il y a un concept. C’est le nom d’un jeu video, en fait. C’est un clone de Tetris. Le premier morceau que j’ai fait était un remix de la bande son de ce jeu-là et j’ai simplement gardé le nom. Après, j’ai appris que Puyo Puyo, en japonais, est ce qui désigne la peau des bébés ou quelque chose de doux comme de la peau de bébé, comme le bois flotté…
Est-ce que l’on peut décrire ta musique comme quelque chose de doux comme de la peau de bébé ?
Pas vraiment, non ! (rires) C’est différent. C’est à la fois abrasif et drôle. Il y a un côté sucré / salé ou rigolo mais un peu trash !
Sur scène, tu portes un gros globe à la place de la tête. Au Festival IDEAL, où tu as joué, il y avait deux hommes à grosse tête : toi et Brian Flakes. Est-ce que tu connais tes concurrents ?
Je les connais vaguement mais j’ai découvert leur tête sur le programme. Elle est proche de la mienne, c’est assez marrant parce que je les aime bien. Il font un truc Plunderphonic, un peu easy-listening, comme ca. Le seul rapport, c’est le côté drôle, je crois.
Lors de ce festival, on a vu un set assez chaotique, ca a du être plus plaisant pour le public que pour toi. Est-ce que c’était différent d’un set classique ?
Oui car, dans un set classique, je n’accumule jamais autant de problèmes techniques. Par contre, ca ressemble à peu près à ca, quand même. J’essaie vraiment de faire le show et de jouer mon rôle d’entertainer parce que j’ai vu plein de projets de gens derrière des laptop et je n’avais pas envie de faire la même chose. J’ai envie que le public ait quelque chose à voir, qu’il y ait un vrai show.
Est-ce qu’il y a une part importante d’aléatoire dans ce que tu fais, justement ?
Tout l’aléatoire est dans les samples et les effets, la voix, mais aussi les réactions du public. Et moi aussi : selon que je sois énervé ou pas (rires).
Tu as un quasi tube : Do the Puyo Puyo…
Ah ? En fait, les « tubes », c’est plutôt Play skip stop et Minet minet. Il y a aussi Mash it, kick it, qui va sortir sur un label de Bordeaux, Wilco. C’est peut-être le morceau le plus énervé du set, à l’heure actuelle.
Revenons à Do the Puyo Puyo : ça rappelle Doomo dance, un morceau d’Alan Vega sur un album des années 90, Bring it in the year 2000.
Je ne connais pas ce disque, mais je dois avouer qu’on m’a déjà parlé d’Alan Vega, bizarrement. On ne peux pas dire que ce ne soit pas un compliment, mais c’est assez bizarre. Ce sont des références que je ne vois pas, en ce qui me concerne. Mais j’aimais bien Alan Vega au début des années 80. Je n’ai pas pu aller le voir au Festival IDEAL… en vérité, je n’avais pas trop envie de gâcher mon souvenir.
Tu préfères son début rockabilly à ce qu’il a développé dans les années 90 ?
En fait, je ne sais pas ce qu’il a fait à ce moment-là. Mais ce que je voulais dire, c’est que je n’avais pas envie de le voir vieux et décatti. J’ai eu des retours sur lui dans ce sens-là. Il y a bien une partie du public qui l’aime quoiqu’il arrive, y compris s’il devient paraplégique, voire après sa mort et bien plus, évidemment ! Non, sérieusement, il y en a qui ont trouvé ca un peu pathétique. Peut-être que se sont des gens qui ne l’aimaient pas non plus au départ ceci dit.
Après ce premier disque sur Gagarin Records, ce que tu vas sortir ensuite sera diffèrent ?
Complètement, car il s’agissait ici de mes tout premiers morceaux : j’avais envoyé une démo chez Gagarin, qui leur a plu. Ils m’ont dit qu’ils voulaient les sortir, mais ca a pris quand même deux ans. Donc, ces morceaux sont plus calmes et plus minimaux que ce que je fais maintenant, qui est plus trash. C’est assez proche de ce que tu as pu voir.
D’où proviennent les visuels ?
Je les ai créé en Flash et avec e-movie, principalement avec des images volées à droite et à gauche, sur Internet ou scannées. Je les monte sur la musique comme un clip vidéo. Ca colle aux breaks…
Tes morceaux, tu les présente comme des chansons ?
Oui, parce que je chante dessus et que, à l’avenir, je chanterai sur tous les morceaux. Pour le live, c’est important qu’il s’agisse de chansons. Plus tard, je vais essayer de faire le contraire de ce que j’ai fait, c’est-à-dire baser mes chansons autour d’une voix. Pour le moment, on ne peut pas dire que je chante véritablement car je parle plus que je ne chante. Je veux construire des morceaux autour d’une vraie mélodie de chant. Mes premiers titres, je n’imaginais pas les faire en live. Les voix, je les ai rajoutées à cause du live. C’est un peu greffé après-coup.
On parlait de Lem, de la scène belge, qui utilise le français. Toi, par contre, tu n’utilises que l’anglais ?
Oui, car je n’ai pas envie de me limiter à ne faire des concerts qu’en France et j’ai envie d’être compris en Allemagne, en Angleterre et ailleurs. Je ne dénie pas un certain charme au français : Lem, lui, a décidé de ne chanter quasiment qu’en francais et y compris en Allemagne où ils fait carrière en exploitant un peu le filon du charme de la langue pour les allemands. Moi, si je pouvais ne chanter qu’en francais, ça ne me dérangerai pas, bien au contraire. Mais j’ai aussi envie d’être compris ailleurs et il se trouve que tout le monde comprend à peu près l’anglais. Bien sûr, il n’y a pas vraiment de messages, mais il faut tout de même que les gens comprennent au moins ce que je dis entre les morceaux !
Je me disais justement que si tu tenais tant à être compris de tous, c’est que Puyo Puyo avait un message à nous transmettre ! (rires)
Il n’y a peut-être pas de message dans le sens habituel où on l’entend. Mais je me suis dèjà posé la question : « Est-ce que Puyo Puyo a un message à délivrer ? ». La réponse est non !
Ou une mission à accomplir ?
J’ai une mission : entertainer ! En fait, je n’ai pas un message mais plein de messages. Et ils sont absurdes et parfois inintelligibles !
As-tu découvert des choses intéressante lors du festival IDEAL ?
Non. Ce que j’ai aimé le plus, c’était ce qui se passait dans le sous-sol mais ce sont des gens que je connaissais déjà. Je ne suis pas allé à l’étage, vers la grande scène, sauf pour The Legendary Stardust Cowboy.
Il y a une réelle partition entre les légendes « d’en haut » et les posibles légendes « d’en bas » ?
Oui, complétement.
Vous en avez parlé entre vous, puisque vous étiez cloisonnés dans le sous-sol ?
Oui, un peu, mais pour dire que, finalement, on était assez contents de se retrouver entre nous. Dans un endroit pas bondé et, de fait, sympathique.
Propos recueillis par
Lire notre chronique de A New trick item de Puyo Puyo
Voir notre compte-rendu du festival IDEAL 2004 à Nantes