Pour se faire une idée d’un phénomène, mieux vaut toujours laisser la parole aux principaux intéressés. Rencontre avec ceux qui bloguent, depuis longtemps, ou pas, ou plus. Interview de carnettistes d’influence (Le Tronçonneur de blogs, Kwyxz, Cynapce, Binnie, Nacara, Maïa Mazaurette, Utena et Simone de Bougeoir), en complément de notre dossier « Les néo-blogueurs vont-ils pourrir Internet ? », à lire dans Chronic’art #49, actuellement en kiosque.
Utena
www.digitalyn.net/blog
Chronic’art : Quel est le premier blog que tu as découvert ?
Utena : Lilac Wine, mais il est aujourd’hui fermé. C’était le blog d’une jeune fille passionnée d’écriture, de musique et de cinéma. A l’époque, elle écrivait, tout simplement ; ensuite, elle mettait en forme puis publiait le tout en ligne. Je n’y connaissais encore rien à l’html, j’ai immédiatement été séduite par le concept : non seulement j’allais pouvoir m’adonner à mon objectif premier – l’écriture via Internet comme conducteur direct vers d’hypothétiques lecteurs -, mais aussi apprendre un nouveau langage. Les débuts ont été on ne peut plus chaotiques, entre le fait de choisir ce qui était publiable ou non en ligne et l’apprentissage du code. Le tout ressemblait plus à un labo d’expériences qu’à un blog. Mais je me suis prise au jeu.
Comment luttes-tu aujourd’hui pour que ton blog conserve son esprit original ?
Je ne lutte pas vraiment. Déjà, au risque de décevoir, il y a un encart de pub sur mon blog. Discret, certes, mais il est là. Je n’espère pas vraiment me faire de l’argent avec cet encart publicitaire, surtout pas avec le contenu de mon site, mais le décalage entre le contenu et les pubs choisies par Google est toujours l’occasion d’une bonne crise de rire, voilà pourquoi je le garde ! Cela étant dit, le site en lui-même reste old school. En dehors de l’art séquentiel et de mes traductions, mon blog n’a pas de ligne directrice, si ce n’est l’humeur et le style de son auteur. Je reste là pour écrire et partager quelque chose, pas pour « faire de l’argent ». Si au passage je peux promouvoir les projets de quelques amis, Internet pouvant être un formidable outil de promotion, je ne me gêne pas, mais je n’ai pas la prétention de vouloir « influencer » qui que ce soit, même si les fidèles de mon blog restent attachés à ma vision des choses. Je reste à l’écart des blogs dits d’ « influenceurs » la plupart du temps, ma petite blogosphère à moi tendant plutôt du côté des créatifs de l’époque.
Est-ce qu’à ton avis il existe aujourd’hui des blogs subversifs ?
Je n’ai pas eu cette impression dans la blogosphère francophone depuis quelques années, en dehors, peut-être, de « La Chambre des Curiosités » d’Artemus Dada sur Superpouvoir.com.
Est-ce que tu t’es déjà autocensurée ?
Souvent. Je sépare énormément vie privée de ma persona online, et le blog est soumis au même principe. Il m’est cependant déjà arrivé de partager en ligne des événements très personnels, mais toujours avec distance, que cela soit par le biais de l’humour ou de tout autre exercice de style. Mais je choisis toujours soigneusement ce qui est publiable en ligne ou non, pour qu’on ne confonde pas la réalité et la contrepartie digitale.
Propos recueillis par &
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