Initié par Mick Garris, la série « Masters of horror » est, sur le papier, un des plus beaux coups réussi par la télé depuis belle lurette : réunir grands maîtres (Carpenter, Argento, Dante, Miike et autre Hooper) et seconds couteaux pour une version bis des « Contes de la crypte », en plus prestigieux. Canal + diffuse chaque vendredi soir les épisode de la série.
A voir la liste à la fois foutraque et excitante des réalisateurs formant le 13 de départ de la série Masters of horror, on pouvait hésiter quant aux pronostics : mouroir demi-luxe pour vieilles gloires du genre ? Come-back bien troussé pour cinéastes en pré-retraite ? Tremplin pour jeunes loups aux dents longues ? Autre hypothèse ? Carpenter, Argento, Dante, Landis, Hooper et autres Miike : de quoi baver, tout de même, à lire les CV des réalisateurs des treize épisodes de cette série créée par Mick Garris, mais aussi âme perdue dont la filmographie n’a jamais fait rêver les foules : une séquelle improbable (Psychose 4), une contribution à la mini saga Critters (Critters 2, The Main course), et des tas de petits boulots pour la télé n’ont rien fait pour le prestige de celui qui reste l’adaptateur certifié conforme de Stephen King. C’est une chaîne câblée américaine, Showtime, qui s’est chargée de diffuser la première saison, dont on a pu croire qu’elle serait aussi la dernière étant donné son succès plutôt mitigé en termes d’audience, et les ennuis causés par le turbulent nippon Takashi Miike, dont le film Imprint, l’ultime épisode de la série, a été privé de télé. Il n’empêche, les « maîtres de l’horreur » ont rempilé pour une deuxième saison, avec à peu près la même équipe type, confirmant que ce format télé rend très heureux, pour le moment, des numéros tels que Argento, Carpenter ou Dante.
Nightmare team
La spécificité de Masters of horror tient moins dans les conditions de fabrication de la série (de la série B envoyée en une heure sur le mode « Hitchcock présente ») que dans l’état des lieux qu’elle dresse malgré elle et l’effet d’annonce brinquebalant qui l’accompagne. Comment miser un kopeck, en effet, sur une supposée dream team dont les ténors sont plus ou moins abonnés à l’infirmerie de l’entertainment ? Ce qui rend le projet à la fois attachant et un peu douteux, ce sont les états de service de ses locomotives. Tobe Hooper, auteur d’un chef-d’oeuvre intouchable, Massacre à la tronçonneuse, dont il ne s’est jamais véritablement remis, menant une carrière à la dérive qui semble le satisfaire (relire notre entretien fleuve dans Chronic’art #25) et dont le récent Mortuary a montré l’état de sympathique décrépitude.
John Carpenter, cinéaste génial et adoré qui, s’il n’a jamais connu de réel passage à vide, est aujourd’hui plus que jamais un marginal de l’industrie. Dario Argento, le seul Européen du lot, auteur de films essentiels jamais à l’abri d’un gros ratage. Joe Dante, autre pièce maîtresse du cinéma américain des années 80, n’est plus qu’une légende fantoche à Hollywood. John Landis n’a plus vraiment la cote depuis des lustres. Autrement dit, Masters of horror réunit des gloires du genre horrifique, de véritables maîtres qui, s’ils ont marqué à jamais le cinéma, sont quasiment absents du grand écran aujourd’hui. Ce projet télévisé leur a-t-il permis de redorer leur blason ? Réponse film par film.
Horreur, la relève
A ce quintet de célébrités au statut incertain (Hooper, Dante, Landis, Carpenter, Argento) s’ajoutent, outre Mick Garris qui s’est réservé la mise en scène d’un épisode, une brochette de cinéastes à peine plus faciles à situer : Lucky McKee, un pur jeunot qui n’avait jusque-là à son actif que le seul May, Don Coscarelli, en passe de devenir culte grâce au seul Bubba Ho-Tep ; Stuart Gordon qui, toujours le nez dans Lovecraft depuis son célèbre Re-animator (1985, tout de même), remet le couvert avec une adaptation de La Maison de la sorcière ; le faiblard William Malone, dont l’apport au cinéma se limite toujours pour le moment au masque d’Halloween, qu’il a créé ; Larry Cohen, vieux routard sans réel titre de gloire sinon sa participation au scénario du Body snatchers de Ferrara ; John McNaughton, un revenant à qui l’on doit des films aussi différents que Mad dog and glory, Henry : Portrait of a serial killer et quasiment porté disparu depuis Sex crimes ; et enfin Takashi Miike, star japonaise prolifique et un brin dérangée.
L’annonce du lancement de Masters of horror avait fait grand bruit, suscitant les attentes les plus folles. Alors que sortent en DVD six épisodes, tirons, déjà, un bilan de la première saison, avec les copies des maîtres du genre et celles des seconds couteaux.
Diffusion chaque vendredi à 22h30 sur Canal + à partir du 17/11/06.
6 DVD chez Universal Pictures Video : Episodes 2, 4, 5, 7, 8 et 12. En attendant la suite…
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