Un des débats qui a fait couler pas mal d’encre traite de la « nullité de l’art ». Etonnant, non ? Mais qu’est-ce que le galeriste Staudenmeyer, propriétaire de la galerie Re (cf. article critique) pense de tout ça ? Nous lui avons demandé.
« Depuis une trentaine d’années, l’art moderne a perdu sa fonction dans la société. Il est devenu davantage aujourd’hui le champ d’une expérimentation et d’une recherche intérieures. Ce qui est bien dommage… »
Ce galeriste est d’accord avec l’acception de l’art comme nullité, mais dans un sens particulier (Staudenmeyer conceptualise la nullité de l’art grâce à cette fonction mathématique : f(x) = 0). Ce qui signifie que c’est aux artistes de trouver la valeur de « x » afin que la fonction ne soit pas effectivement égale à zéro, et qu’elle ait donc une valeur non nulle. Or ce « x » se fait apparemment rare dans la démarche des jeunes artistes. Une œuvre d’art peut s’articuler autour de trois concepts : la forme, la fonction « sociologique » et le sens.
« L’idée de reproduction d’une œuvre d’art a fait par ailleurs son petit bout de chemin… Auparavant la valeur d’une œuvre d’art était liée soit à son unicité, soit par exemple à sa gestuelle (c’est l’unicité du geste qui crée sa valeur). Aujourd’hui, on peut considérer que c’est une œuvre d’art seulement si elle peut être reproduite.
À l’heure actuelle, la personnalité et la parole de l’artiste sont devenues importantes. L’artiste doit se faire comprendre et il doit communiquer. L’artiste doit revendiquer son authenticité dans un monde où la communication est banalisée (ô toi, communication…) Quant au concept de fonction, les œuvres proposées doivent avoir une actualité, elles doivent s’inscrire dans le monde contemporain. »Pourquoi alors choisir le graphisme et la photographie ? Parce que la photographie peut remplir cette fonction. Parce que le graphisme établit un lien évident entre le texte et l’image, entre l’émotion et l’intellect. L’équilibre d’une œuvre peut être trouvée par le triptyque forme, fonction et sens. En d’autres termes, il doit réunir le réel, l’imaginaire et le symbolique. Il fallait le savoir. Bref, c’est tout un programme…
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