Abonnée aux rôles de cheerleader ou de teenage proprette, Kirsten Dunst est la face dorée de l’American dream. Etape ultime de ce parcours « idéal » : être la petite copine d’un super-héros, Spider-Man. Heureusement la jolie blonde est tout sauf dupe. Rencontre avec l’une des actrices américaines les plus passionnantes du moment.
Chronicart : Qu’est-ce qui vous a attiré dans Spider-man ?
Kirsten Dunst : Avant tout, le personnage ; c’est le plus humain de tous les super-héros existants. Ce qui m’a séduit c’est que, par bien des côtés, il est un homme tout à fait normal. Bien évidemment, j’avais aussi envie de tourner avec Tobey Maguire et le fait que Sam Raimi dirige le film a été déterminant. Je savais qu’avec un cinéaste aussi créatif que lui, Spider-man, malgré son budget énorme, ne serait pas un blockbuster de plus, un film de super-héros ordinaire.
L’univers de Spider-man vous était-il familier ou l’avez vous découvert en tournant le film ?
Disons que je le connaissais, un peu comme tout le monde. J’étais loin d’être une spécialiste. A part l’histoire de la piqûre de l’araignée radioactive, à l’origine de la transformation de Peter Parker en Spider-man, je ne savais pas grand chose. Je n’avais aucune idée de son histoire familiale tragique, de sa vie sentimentale plutôt compliquée, et ignorais même l’existence de Mary Jane (le personnage qu’elle interprète, ndlr). Une fois arrivée sur le projet, je me suis plongée dans les BD et j’ai à peu près tout lu ce qui concernait Mary Jane.
C’est quoi un super-héros pour vous ?
Tout sauf le mec parfait. Ce qui me plaît dans Spider-man c’est qu’il n’est pas quelqu’un de super cool et qu’il commet des erreurs. C’est un garçon tout ce qu’il y a de plus ordinaire. « L’accouchement » du super-héros ne se fait pas sans douleur. Peter Parker lutte contre lui-même, être Spider-man est d’une certaine façon une malédiction. Et puis, je crois qu’après les attentats du 11 septembre, ce héros -et le film plus généralement qui est aussi un hymne à la ville de New York- peut faire du bien aux Américains.
Ce n’est pas un peu frustrant de jouer la petite copine d’un super-héros ? On est toujours à l’arrière-plan pendant que lui sauve des vies, voir la ville de New York toute entière…
Elle n’est pas vraiment sa petite copine, leur amour reste platonique ! Mary Jane est un vrai personnage, elle n’est pas juste la fille dont est désespérément amoureux Peter Parker. Elle vient d’un milieu assez dure, elle a un parcours qui lui est propre. Ce qui m’a attiré c’est son manque d’assurance, le fait qu’elle choisisse toujours des garçons qui ne lui conviennent pas. Lorsqu’elle se fait attaquer elle n’hésite pas à se battre, c’est loin d’être une femme faible qui attend passivement d’être sauvée et se borne à crier « Au secours, au secours ! ». Si cela avait été le cas, je n’aurais pas fait le film. Mais bien sûr, à la fin de la journée, c’est Spider-man le héros, c’est lui qui aura sauvé tout le monde. Difficile de lutter contre ; c’est la règle du jeu, la base même du même film.
Transformations physiques, le fait de se sentir incompris ; par bien des points la métamorphose de Peter Parker en Spider-man ressemble à l’adolescence…
Absolument. L’adolescent mal dans sa peau devient peu à peu un homme adulte, un être responsable. La mort de son oncle, ses pouvoirs, l’obligent à grandir plus vite que les autres. D’une certaine façon il est « victime » d’une puberté accélérée ; il a même des poils qui lui poussent sur le bout des doigts ! (rires)
Comment choisissez vous vos rôles ?
Je me base avant tout sur le scénario et le réalisateur. Après que le film soit une petite production indépendante ou un blockbuster importe peu. Même si j’essaye de trouver un juste équilibre et d’alterner le plus possible.
Vos derniers films, Virgin Suicides, Belles à mourir, American girls, n’épargnent pas « l’American way of life »…
C’est vrai mais pour être sincère ce n’est pas un choix conscient de ma part. Je dois être naturellement attirée par ce type de sujets. Pour tout dire, j’ai toujours eu envie de faire un film sur les concours de beauté (Belles à mourir, ndlr), quand j’étais petite ils me fascinaient, je les regardais tout le temps à la télévision.
Et American girls ?
Tourner ce film c’était comme de partir en colo, j’ai adoré le faire ! Je n’attends qu’une chose, c’est de travailler de nouveau avec son réalisateur, Peyton Reed. Le scénario était assez moyen mais il a réussi à en faire vraiment quelque chose de bien . C’est vrai qu’on s’y moque des « cheerleaders » (sorte de pom-pom girls, ndlr) mais d’une façon très gentille et en même temps on les célèbre ; je trouve cela très intéressant.
Vous n’en avez pas marre de jouer dans des teen-movies ?
Je n’ai pas encore 20 ans, je suis encore une ado, donc c’est normal que je joue dans ce genre de films. Le problème c’est qu’il y a bien plus de mauvais teen-movies que de bons. Disons, que c’est un genre dont il ne faut pas abuser. Ce matin, je regardai American pie 2 avec mon ami et j’avoue qu’on s’est bien marrés !
Dans le film, Peter Parker parle de vous comme « the girl next door », n’est-ce pas une définition qui pourrait s’appliquer à la plupart de vos rôles ?
Ce n’est pas très flatteur ! En y réfléchissant pourtant, vous n’avez pas tout à fait tort. C’est vrai que je joue souvent l’Américaine type, celle qui fait des concours de beauté, la pom-pom girl, celle qui… se suicide… je plaisante ! Je pense qu’il va falloir remédier à cela, changer un peu.
Quels sont vos projets ?
Depuis Spider-man, j’ai tourné dans le nouveau film de Peter Bogdanovich, The Cat’s meow, où j’interprète le rôle de Marion Davies, une actrice qui était la maîtresse de William Randolph Hearst. Je pense que le film devrait sortir en France à la fin de l’année. J’ai également joué dans Levity, un film indépendant avec notamment Billy Bob Thornton et Holly Hunter. C’est tout, pour le moment.
Propos recueillis par
Lire notre chronique de Spider-man
Voir également dans Chronic’art #6, en kiosque, notre dossier consacré aux super-héros