Ex Moldy Peaches aux côtés d’Adam Green et égérie folk lo-fi américaine, Kimya Dawson sort un nouvel album, l’intimiste Remember that I love you. L’occasion de poser quelques questions par mails à cette petite nerd.
Chronic’art : Sur ta page MySpace, tu montres des photos de ton ventre de femme enceinte. Alors, comment va le bébé ?
Kimya Dawson : Il va très bien ! Il bouge beaucoup et me donne des coups de pieds tout le temps.
Après Hidden vagenda, qui avait beaucoup de featurings et était beaucoup plus « produit » que tes disques précédents, tu es revenue à un format plus intimiste et lo-fi. Pourquoi cette direction ?
Faire Hidden vagenda, c’était très cool et fun, mais nous avons travaillé très dur sur ce disque. Je ne voulais pas penser autant aux chansons pour ce nouvel album. Je voulais juste les jouer et trouver quelques arrangements simples. Je crois que j’étais pas mal fatiguée émotionnellement quand j’ai fait ce nouvel album, et je voulais que ce soit enregistré de manière plus « laid-back ». Quand j’ai enregistré Hidden vagenda, je me sentais plus triomphante…
La notion de « famille » semble très importante pour toi. On a parfois l’impression que tu étends les limites de ta famille, avec tes amis, tes guests ou même ton public…
Je rencontre beaucoup de gens de mon public et certains d’entre eux deviennent de bons amis, c’est très cool. Il y a des gens que j’ai rencontrés en tournée il y a quelques années, et je n’en reviens pas que nous soyons si proches aujourd’hui. Je pense que c’est un des avantages de jouer des shows intimistes et de dormir chez les gens plutôt qu’à l’hôtel. Cependant, ça prend un peu plus de temps de faire partie de ma famille. Je donne beaucoup de valeur à ma famille, et beaucoup de valeur à ma communauté d’amis aussi. Donc ce n’est pas une insulte si je dis que je considère mon public comme mes amis.
Quand tu dis aux gens de ne pas oublier que tu les aimes (Remember I love you), c’est une manière de donner de l’amour à des étrangers, en un sens. Ton amour est à ce point extensive ? Quelles différences entre amour et amitié ?
L’amitié est une relation mutuelle entre personnes. L’amour est un sentiment. Il s’agit de faire attention aux gens, et cela peut aller dans un seul sens. Je veux que tout le monde se sente bien avec soi-même, sûr de soi, respecté. Je veux que tout le monde sache l’importance de sa personnalité.
Je suis toujours frappé par la joie que tes chansons expriment et la tristesse de certains lyrics. Tu chantes à propos de l’Ouragan qui a frappe l’Amérique, ou à propos de la crémation. A quel point l’idée de mort est importante pour toi ? Et est-ce que chanter est un exorcisme devant la mort ?
Je pense que c’est très bon de se souvenir que nous avons un temps limité dans cette vie et que nous devrions avoir autant d’aventures qu’il est possible. C’est du gâchis que de perdre son temps à se sentir mal ou embarrassé à propos de ce que l’on est. Parfois, c’est difficile de se lever de son lit et de se forcer à avoir du bon temps sur cette planète, mais quand on commence à s’y habituer, cela devient plus facile et plus naturel. La mort me rend triste mais elle me rappelle justement que je ne suis pas morte.
Dans la chanson Loose lips, tu parles de Bush et de la guerre en Irak. Ton point de vue ?
Je suis plutôt effrayée par la manière dont les choses se passent.
Considères-tu la plupart de tes chansons comme des « protest-songs » ?
Pas spécialement. Je dis définitivement ce que je pense. Mais à l’intérieur d’une chanson, il peut y avoir des éléments de protestation, des choses à propos de mes amis, des commentaires sur des shows télé, des trucs pour danser. Tout cela est mélangé.
Peux-tu dire quelques mots à propos de :
Daniel Johnston ?
Je suis une très grande fan et très heureuse d’avoir eu la chance de faire une tournée et des concerts avec lui. Il chante sur ma chanson Singing machine aussi. Il est comme un vieil home dégueulasse et un petit enfant à la fois, et ces deux aspects de son être sont très purs.
Regina Spektor ?
C’est une bonne amie et une fille très talentueuse.
Adam Green ?
J’ai toujours su qu’il serait le prochain Harry Connick Jr !
Jeffrey Lewis ?
Jeff et moi avons passé les quatre dernières années à se copier mutuellement. Nous avons une grande admiration l’un pour l’autre en tant que songwriters et cela nous a parfois poussé à nous dépasser. Nous avons joué ensemble en France dans notre groupe commun, les Bundles, et c’était super fun. On s’ennuie l’un l’autre parfois, mais c’est un de mes préférés.
Herman Dune ?
Je ne les ai pas vus depuis un sacré bout de temps. J’ai entendu qu’ils étaient devenus des grosses stars en France maintenant. Mais ils ont toujours été des sortes de divas, n’est-ce pas ? Je les aime beaucoup, ce sont comme des frères pour moi, « my dorky amazing brothers ».
Tu as cette chanson à propos de la France, de Paris, du Pop In et de tes amis ici. Quels sont tes souvenirs de Paris ?
Je reste rarement sur Paris, mais plutôt en banlieue dans la famille de David et André Herman Düne. Je préfère ça qu’être dans la grande ville. J’aime passer le temps tranquillement autour de mom et dad et Lisa et le chien !
Tu es une vraie petite nerd. Tu as un site, un blog, une page MySpace et tu postes beaucoup. Quelle importance a le Net pour toi ?
J’aime être connectée à tout le monde. Je peux apporter ou recevoir de l’aide. J’aime raconteur des histories et parler de ma journée. J’aime pouvoir parler de n’importe quoi et savoir qu’il y a quelqu’un, sur le Net, qui peut avoir connu les mêmes expériences que moi. Nous pouvons alors rire ou pleurer ensemble. Et puis j’organise mes tournées online, je contacte mes amis online. Je suis complètement nerd, j’avoue.
Propos recueillis par
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