Défricheurs de territoires non balisés de la création contemporaine (cf. notre papier Editions Spéciales), Jonas Delaborde et Hendrik Hegray prennent un malin plaisir à bousculer les conventions et à jouer les trouble-fêtes dans un monde de l’art trop conventionnel à leur goût. « Nazi Knife », ambitieux recueil d’images délictueuses publié en collaboration avec Stéphane Prigent, regroupe un large pan de l’avant-garde internationale. Un pavé jeté dans la mare dont les deux instigateurs nous dévoilent la complexité sous-jacente.
Chronic’art : Pouvez-vous nous parler de vos parcours respectifs et de ce qui vous a amené a créer Nazi Knife?
Jonas Delaborde : A la base, j’ai suivi une formation en sculpture, à l’ENSBA. En ce qui concerne NK, au départ, ça s’est fait parce qu’Hendrik et moi avions envie de bosser ensemble ; je connaissais et j’aimais son travail. Il n’y avait pas encore de projet très défini – en tous cas aussi ambitieux et cohérent que maintenant – il s’agissait, pour moi surtout, parce que HH n’a jamais eu ce problème je crois, de s’y mettre. Après, très vite, je me suis dit que NK pouvait être un support idéal pour produire des formes et des concepts artistiques plus frais, plus denses, plus durs et plus retors que ce que je pouvais voir autour de moi dans les galeries, dans les ateliers de l’ENSBA, à la Fac, etc. Ca me semblait vraiment à notre portée de faire quelque chose de fort et je n’ai jamais compris pourquoi si peu de personnes font cet effort.
Hendrik Hegray : Mon parcours ? Pas mal d’auto-publications depuis 1997, de rencontres successives, parfois déterminantes, de gens aux sensibilités voisines, collaborations diverses, etc. Pour l’instant le chemin parcouru me semble bien squelettique. Nazi Knife a été créé en 2006 avec la simple envie de publier un fanzine graphique en photocopie couleur & noir et blac, dans la tradition de ceux que nous aimions, aussi plus focalisé sur nos travaux Jonas et moi, avec quelques invités; au fil des numéros de plus en plus de personnes ont pris part au projet, au gré des artistes que nous souhaitions solliciter. Le passage à l’offset (avec l’aide de Kerozen et de sa structure F.L.T.M.S.T.P.C.) depuis deux numéros nous a permis de donner une tournure plus ambitieuse au projet, tant au niveau de la présentation, du contenu que de la visibilité (un tirage 10 fois plus important par rapport aux numéros en photocopie).
Vous avez chacun un style tres différent, voire opposé, même si la démarche véhicule un esprit similaire, qui relève finalement d’une démarche plus conceptuelle, disons, que les zines d’il y a dix ans. Est-ce que vous avez l’impression que les positions et les enjeux derrière vos travaux se sont déplacés ?
Jonas Delaborde : Je ne suis pas sûr de comprendre ta question – est-ce que nos propres enjeux se sont déplacés depuis qu’on a commencé ou bien est-ce que nos enjeux se sont déplacés par rapport à ceux des personnes qui faisaient des zines il y a 10 ans ?
Dans le premier cas, je ne pense pas qu’on ai tellement bougé. On s’est sûrement affinés. On voit mieux où on veut aller, on fait preuve de plus de précision, même si on reste encore assez bordéliques. Dans le second cas, je crois qu’effectivement, notre démarche est assez différente de celle de la plupart des personnes de la scène zine d’il y a quelques années. Avant tout, on a été des fans et des collectionneurs de ce qui s’est fait dans cette scène, donc on doit faire avec. On ne peut pas faire semblant de ne pas savoir ce qu’on fait, ni ce qui a déjà été fait. On ne peut plus se contenter d’être dans le ricanement vaguement punk post-Bazooka ni dans la facilité scatologique ou pornographique mal imprimée en sérigraphie. On ne peut pas non plus faire du faux art brut. Il me semble qu’il y avait de la part de pas mal de monde un complexe à vouloir faire de l’art, à prétendre être autre chose qu’un gribouilleur de bar, ou alors, pire, il y avait de l’aigreur. Des gens comme Pascal Doury ont ouvert la voie pour autre chose, quelque chose de plus ambitieux, de plus large, de moins identifiable.
Chez toi, Hendrik, c’est plutôt des association d’idées incongrues, des rapprochements absurdes entre un bout de phrase et une image complètement débile… Tu sembles te nourrir énormément de sous-sous-culture, de films d’exploitation, d’images sordides trouvées sur le web, de musique ultra-noise ou super-cheesy. Tu aimes aussi jouer avec une ironie et un mauvais goût borderline… D’où te vient cette passion pour l’idiotie poussée à un tel paroxysme qu’elle confine au génie ?
Hendrik Hegray : Elle est probablement liee à mon cursus culturel, nourri successivement de cartoons de Tex Avery, des Simpsons, des TV-shows des Monty Python (même si ça a probablement mal vieilli aujourd’hui ça m’a bien marqué adolescent…), du film Buffet froid (idem), de la lecture de Fluide Glacial (la référence bien classe), puis dans les domaines qui nous intéressent la découverte de Pierre La Police, une bonne claque (qui m’a par la suite amené à des choses plus dark, Le Dernier Cri, les graphzines…), la rencontre de Julien Carreyn et ses bandes dessinées amorales et tordues ; tout ça m’a conduit à développer une approche de la vie à la fois portée par le désamorçage dialectique et l’amour de la saillie décérébrée. Et puis pas mal de séries B, la sympathie pour le grotesque, les références débiles etc. Ok ; mais il faut beaucoup d’amour, de sincérité et de considération pour « la sous-culture » afin de l’évoquer avec justesse. Beaucoup trop de gens ont utilisé ce genre de références comme un gimmick cool ; je préfère aujourd’hui m’en inspirer indirectement (m’enivrer de leur essence) plutôt que de désigner du doigt. Bon ceci dit mon dernier livre s’appelle Doc Gynéco. Mais mon champ d’intérêt dépasse tout de même toutes ces choses que je viens d’évoquer, je ne souhaite pas rester bloqué là-dessus et j’espère que cela se ressent dans mon travail (l’exploration d’univers plus abstraits, etc), même si c’est une base indéniable et que j’y reviens avec plaisir.
Jonas au contraire, tu ne dessines jamais de figures humaines. Tu construis des mondes parallèles, c’est tres méticuleux, géométrique, avec une obsession pour les civilisations archaïques, les grottes, des espèces de rhizomes organiques. Ca semble très codifié et ésotérique, il y a quelque chose d’assez mystique et misanthrope derrière tout cela, non ? Peux tu aussi nous parler de tes sculptures et tes installations ? Tu sembles détacher cela de ta production dessinée…
Jonas Delaborde : Je suis obsédé par la construction, l’édification et c’est ce qui fait le lien avec mon travail de sculpteur : ériger, isoler, délimiter, etc. – bien sûr, c’est forcement plus littéral dans les objets et les installations, mais la distinction que je fais entre les deux est moins claire qu’avant. Je crois que le livre peut vraiment fonctionner à la fois comme une image, comme un ensemble d’images, mais aussi comme un objet, et même comme un lieu. Ce qui m’intéresse dans le travail d’édition et dans le fait de collaborer avec HH, c’est la rencontre entre mes intentions architecturales, plutôt strictes, et sa volonté nihiliste. En fait, faire un livre, c’est vraiment comme construire un bâtiment, mais alors un bâtiment horizontal, sédimenté. Il y a une donnée profondément silencieuse et lourde, d’où l’intérêt d’y incorporer des éléments contradictoires comme des liens avec le noise, ou des références thématiques à la destruction, aux rebuts et toute la production culturelle qui peut s’apparenter aux détritus de la pop culture. Il y a toute cette dimension de l’archivage qui me fascine, et Hendrik aussi je crois : ranger, classer, organiser et enfin élaborer la forme qui puisse accueillir tout ça, une forme cohérente qui fasse sens en elle-même.
Est-ce que vous improvisez devant une page blanche ou est-ce que vous avez une idée précise de ce que vous allez dessiner et est-ce que vous avez conscience d’un certain effet que vous cherchez a produire ?
Jonas Delaborde : Concrètement, c’est de l’improvisation. Mais on parle beaucoup avant, alors on sait dans quelle direction travailler.
Hendrik Hegray : J’ai tendance à penser que l’improvisation est souvent la clé, même si j’aimerais régulièrement qu’il en soit autrement. L’effet recherché surgit en général après avoir suffisamment gratté la terre.
Les images collectées dans Nazi Knife ou Frederic Magazine sont animées par une intention, éloignée du simple plaisir esthétique à admirer du Beau et du « bien dessiné ». Quels sont vos critères de sélection pour publier un dessin, un collage ou une « image trouvée » ?
Jonas Delaborde : En ce qui concerne NK, nos choix sur une image se font en fonction d’une multitude de critères, mais principalement en fonction de son originalité ou de sa nouveauté et en fonction de sa cohérence avec l’ensemble. Il faut se dire qu’une image très commune peut prendre une dimension nouvelle si on l’adjoint à une autre image très différente. C’est une question d’équilibre, et aussi une question stratégique. Si l’image a été bien choisie et correctement disposée dans l’ensemble du livre, elle nous permettra de résister un peu plus aux interprétations trop rapides. Et puis il y a aussi des questions de rythme, ce genre de choses… En fait, notre position est vraiment très différente de celle de FM, on ne se pose pas tellement des questions de dessinateurs parce qu’on considère toutes les images de la même manière, les dessins comme les collages, comme les images trouvées. Notre travail est un travail de sélection et d’organisation (ou de confusion) du regard à travers une structure sédimentée. Dis comme ça, ça peut sembler super pensé, mais quand on travail, ça reste très instinctif, il faut juste que l’image nous surprenne, qu’elle nous fasse rire ou qu’elle nous fasse plaisir et qu’elle nous semble s’insérer dans notre projet global.
Hendrik Hegray : La plupart des artistes qui ont voulu créer quelque chose d’un tant soit peu intéressant ont très vite balayé l’idée de créer quelque chose de simplement « beau », ça me semble être une évidence. Le critère de la beauté entre en compte mais s’arrête dès lors de la décision du matériau choisi. Le beau est pour moi d’ordre purement technique.
Qu’est-ce qui a évolué selon vous dans la scène du dessin « underground » ces dix dernières années ?
Jonas Delaborde : La mode du dessin contemporain a fait pas mal de dégâts. MySpace et Flickr aussi. On est saturé de merdes sympas et inoffensives.
Hendrik Hegray : J’ai l’impression qu’il y a eu un gros creux au niveau de la production au début / milieu de cette décennie (ce qui n’était peut-être pas une si mauvaise chose vu le flot de choses embarrassantes qui pullulent sur le marché actuellement) puis une montée en force du dessin « sensible » / minimaliste qui ne m’emballe guère (quoique que je n’ai rien contre le minimalisme), puis plus récemment une surexposition de travaux via Internet, ce qui a eu l’air d’engendrer à nouveau une certaine émulsion et donc une production importante de micro-éditions, fanzines… Je pense qu’il y a toujours eu la même proportion de choses bonnes ou insipides, seulement aujourd’hui il y a peut-être plus une espèce de confusion qui fait qu’on englobe et mélange un peu tout, il y a un nivellement général vers le médiocre qui est un peu poisseux.
Le contexte du dessin des années 2000 est très différent de celui des années 80-90. Il semblerait que les artistes de cette scène s’eloignent de la figuration lisible pour aller vers l’obscur, l’impénètrable, des choses plus abstraites ou des collages qui rédigèrent la pop culture comme un élément d’inconscient. C’est très fragmenté et syncrétique, ça n’a plus grand chose à voir avec les collections de petits dessins BD-trash de certains graphzines d’antan…
Jonas Delaborde :> Oh, je crois qu’Hendrik fait toujours des recueils de petits dessins BD-trash… – sinon tu as raison, dans ce domaine de l’auto édition, les territoires de création excitant ne se situent plus dans l’expression ou dans la revendication, mais plutôt dans l’agencement, dans une réorganisation subjective de morceaux disparates de culture collective. Après le danger, au delà des modes, c’est quand les éléments culturels choisis sont trop génériques, ou mal exploités. Je n’en peux plus des fanzines qui reprennent des screenshots de jeux vidéos 80’s ou des éléments d’imagerie BM sans aucune valeur ajoutée. Le remix devient un cliché au même titre que le reste. Ils ne sont pas nombreux non plus à faire un travail aussi intéressant que Famicon ou Smittekilde.
Hendrik Hegray : Paradoxalement je pense avoir moins de recul sur la scène graphique d’il y a dix-quinze ans que j’ai vécu, adolescent et intimidé, dans une sorte d’admiration, alors que je découvrais tout ça en bloc et que je commençais moi-même à peine à montrer mon travail (alors maladroit et dégrossi). Néanmoins ce qui me semble très intéressant aujourd’hui est que les artistes les plus intéressants dans cette « scène » sont ceux qui ont d’une certaine manière réussis à s’affranchir des codes et des clivages art contemporain / graphzine / bande dessinée pour adopter un langage à la fois plus personnel et moins clairement identifiable, donc plus excitant.
Comment expliquez-vous que cette production artistique « parallèle » ait été snobée aussi bien par les médias que par le milieu de l’art ou de la BD indépendante pendant aussi longtemps ? C’est aussi relativement récent que des galeries d’art contemporain s’intéressent a ce type de production, du moins en France. Comment expliquez vous cette imperméabilité des genres propre a la France ?
Jonas Delaborde : Le monde de la BD ne se nourrit que de lui-même. Il est auto-référencé et fonctionne en vase clos. Les dessinateurs de BD ne savent parler que de BD, quand ils te parlent de musique ou de cinéma, c’est effarant, ils écoutent Catpower et ils aiment Pedro Almodovar. Tu me diras, j’ai jamais discuté avec un dessinateur de BD, si ça se trouve, ils aiment Bashung et Kusturica, Haha. Le milieu de l’art s’intéresse généralement à ce qui est rentable ou à ce qui est déjà clairement identifié, qui ne demande pas trop de travail d’appréhension. Plus sérieusement, en France, les gens sont frileux. Ils n’iront pas voir une expo si ils n’en ont pas entendu parler. Ils n’oseront pas rire au cinéma si tout le monde est silencieux. Ils ne considéraient pas le dessin comme une pratique artistique valable avant que ça devienne une vérité officiellement établie. Quand on va aux USA, c’est toujours très frais parce qu’ils n’en ont rien a foutre. Gary Panter fait des comics, de la musique, des marionnettes, il a conçu le décor de Pee-Wee dans les années 80, réalise des pochettes de disques et des light shows ; CF dessine des comics, fait des sculptures, sort des disques et joue dans des comédies musicales noise … Ici, on trouve ça extraordinaire, là-bas c’est juste normal, ce sont des artistes.
Les micro-éditions ont récemment engendré un véritable phénomène (contre-)culturel… Quel regard portez vous sur les récentes tentatives d’expositions institutionnelles du dessin ? Les productions du CNEAI, le Salon du Dessin Contemporain, l’expo Une Expédition à l’espace Ricard, la reconnaissance artistique de Petra Mrzyk & JF Moriceau, Pierre la Police, David Shrigley…
Jonas Delaborde : Le phénomène de la micro édition et le dessin sont deux choses distinctes. Les expos de dessin sont généralement ratées, parce que conçues soit dans un esprit patrimonial, soit dans un esprit d’épicier, de boutiquier. Le salon du dessin contemporain, je n’y suis jamais allé, mais ce que j’ai vu sur catalogue, c’est beaucoup de croquis préparatoires d’artistes contemporains ‘’stars » et pas forcement une vraie promotion du dessin. Ca me fait penser à cette nana qui a fait un reportage pour Canal + sur l’expo FM et qui n’a pas cessé de répéter « le dessin, c’est de l’art contemporain pas cher, de l’art contemporain à la portée de toutes les bourses, un investissement intéressant, etc … ». J’ai l’impression que c’est surtout ça l’idée que la plupart des gens retiennent, plutôt que de vraiment regarder les œuvres : c’est bon marché. Enfin, en même temps, Pierre La Police, c’est quand même 3000 euros. Mais c’est bien. David Shrigley, ça casse les couilles, ça devient du Ben branché alors qu’au début c’était drôle.
Hendrik Hegray : Je ne parlerai pas d’un « véritable phénomène » autour des micro-éditions… Par contre il semble effectivement y avoir de nouveau une mode autour du dessin, comme ça a été le cas il y a quatre ou cinq ans déjà ; c’est cyclique mais surtout complètement artificiel; des gens qui n’y connaissent pas grand chose (voire qui n’y portaient pas d’intérêt particulier) s’improvisent tout à coup spécialistes du genre. Une rapide visite du salon du dessin contemporain qui se déroule en ce moment à Paris est assez consternante de ce point de vue, c’est vraiment la foire au croûtes, du grand n’importe quoi.
Pensez vous qu’Internet a joué un rôle important dans la propagation de ces réseaux ? Il existe aujourd’hui des éditeurs beaucoup mieux organisés et qui produisent des livres luxueux, très loin des livrets photocopiés, qui ont cependant gardé leur pouvoir d’attraction mystérieux…
Jonas Delaborde : Oui, Internet a joué un rôle important dans les prises de contact entre artistes et pour une certaine visibilité. Pour autant, les échanges de zines par la poste ou les festivals comme Colour Out Of Space, No Fun Fest, me semblent garder toute leur importance. L’immédiateté apportée par Internet reste de l’immédiateté, les objets et les événements sont toujours plus importants.
Quels sont les artistes/plasticiens qui vous ont respectivement le plus marqué ?
Jonas Delaborde : Paul Gascoigne, Gianfranco Zola, Donald Judd, Eric Cantona et Pascal Doury
Hendrik Hegray : Pierre la Police, Yamatsuka Eye, Paul Mc Carthy, Henry Darger, Mike Kelley, Matt Groening, Trey Parker & Matt Stone, Julien Carreyn, Antoine Marquis, Gary Panter, Andy Bolus, Paper Rad / Paper Rodeo.
Quels sont vos liens respectifs avec la scène musicale ? Hendrik, tu viens de monter un label… Comment est né Premier Sang ? Comment en es-tu venu à sortir le dernier disque de Sister Iodine? Tu as d’autres productions de disques en vue ? Peux-tu aussi toucher deux mots de Hélicoptère Sanglante ? comment t’es-tu retrouvé à tourner avec Demons aux USA ?
Jonas Delaborde : Je bosse avec Jo, de Tanzprocesz, avec lequel je m’occupe de la collection Procession Tapes, une collection de cassettes (Evil Moisture, Panicsville, Greyskull, et bientôt Kites, Fricara Pacchu, Nuslux et d’autres) pour lesquelles je fais les artworks.
Hendrik Hegray : Hélicoptère Sanglante (projet solo musical plus ou moins performatif) est né il y a quelques années de la pratique en dilettante de la musique. Pratique qui reste toujours relativement dilettante malgré la persévérance ; quoi qu’il en soit cela représente probablement une sorte de protubérance physique et sonore de mon « univers » graphique. J’ai au fil du temps et des rencontres pris tendance à plus aisément fréquenter des gens reliés à la musique qu’au graphisme, qui sont en général des gens relativement ennuyeux. Il s’est finalement trouvé que nombre d’entre eux (tendance ayant tendance à basculer dans le sens inverse en France, mais manifeste aux USA, en Belgique, Finlande…) apprécient et / ou pratiquent le graphisme de manière sauvage, pure, dégénérée, libre… finalement bien peut-être plus que dans l’auto-proclamée « nouvelle scène » du dessin ou de la micro-édition… En tout cas c’est ainsi que j’ai été amené à sympathiser entres autres avec des gens comme Nate Young de Demons ou Heath Moerland de Sick Llama avec qui j’ai fait une mini-tournée sur la côte est des Etats-Unis l’année dernière. La rencontre avec Sister Iodine s’est produite il y a bien longtemps dans quelque bar tristement célèbre du 11e arrondissement ; créer ce label pour sortir leur nouveau disque a été une idée commune et spontanée. Pas de sortie prochaine en prévision, mais je souhaite vivement poursuivre l’activité du label dans un futur très proche ; j’attends une opportunité qui fasse sens à nouveau, mais aussi des moyens financiers. Ce qui viendra vite j’espère.
Propos recueillis par
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