Jouer sur Internet, ça devient banal. Tous les titres actuels, de Quake à Midtown madness, proposent une option pour se connecter sur bon nombre de serveurs dédiés. MSN Gaming zone, BattleNet, Goa… tous ces espaces faciles d’accès permettent aux joueurs du monde entier de s’affronter. Mais à côté de ces « options multi-joueurs » apparaissent quelques jeux qui exploitent profondément les capacités du réseau. Ultima online ou Everquest se jouent sur Internet… et uniquement sur Internet.
Ultima online est l’héritier direct des MUD (Multi user dungeons) qui peuplaient les campus anglais dans les années 80, utilisant habilement les serveurs universitaires et les terminaux téléphoniques pour créer des univers entiers de jeu informatique. Mais c’est également l’accomplissement de la lignée des Ultima de Richard Gariott (alias Lord British), née il y a bientôt 20 ans sur Apple II.
Ultima online avoue aujourd’hui sans complexe son âge. Les principaux serveurs sont opérationnels depuis bientôt deux ans et une première importante mise à jour a déjà eu lieu. La version actuellement disponible s’intitule sobrement The Second age. Techniquement elle n’a pas apporté grand chose au jeu. Ultima utilise pour ses décors une vue en 3D isométrique (en 16 millions de couleurs tout de même) et des séries de sprites plus ou moins imposants pour les personnages. Mais la technique n’est pas l’argument qu’Origin met en avant. Britannia, l’univers du jeu, est un des plus complets et des plus mûrs qui soit. Il comprend une dizaine de villes, des mers, des montagnes, des forêts… une faune abondante aussi bien en monstres qu’en animaux domestiques et une flore luxuriante. Le tout enrobé d’une mise en scène médiéval-fantastique, cadrant plutôt bien avec la culture des joueurs on-line. Dans ce monde, le joueur mène l’existence qu’il désire. Les personnages peuvent très bien s’installer comme épicier ou armurier, ou décider de vivre une vie d’aventure à la recherche de fabuleux trésors. Le mot clé est liberté, c’est comme une seconde vie qui s’offre à vous. Une vie illimitée puisqu’en cas de rencontre malheureuse, il « suffira » de trouver un magicien pour vous ressusciter.
Everquest et Asheron’s call, la deuxième génération
Même si son succès est encore intact, Ultima a surtout servi à ouvrir des portes. La relève pointe déjà son nez avec des mondes aussi vastes et surtout des atouts techniques indéniables.
Il aura fallu pratiquement deux années à Sony pour développer Everquest. Déjà annoncé à l’E3 1998, la version finale n’est apparue dans les boutiques qu’en mars 1999. Ce dernier est d’un tout autre gabarit qu’Ultima. La différence saute aux yeux dès les premiers instants, car les concepteurs n’ont pas opté pour une vue isométrique mais pour un moteur 3D bien réel. Le résultat est impressionnant : effets de lumière, optimisation des graphismes en mode 3Dfx ou Direct 3D…
Autre différence pour le joueur (et elle est de taille) : Sony entend bien faire la police dans son monde. Plusieurs joueurs se sont déjà fait bannir des différents serveurs pour avoir exploité des failles du jeu à des fins personnelles.
Un troisième jeu de rôle en réseau est apparu récemment. Distribué par Microsoft, il est entré en phase de test fin mars. Asheron’s Call marche sur les traces d’Everquest. La gestion de la 3D, des lumières, des personnages, s’annonce déjà à la hauteur du jeu Sony. Il est encore tôt pour juger de l’efficacité de l’ensemble, mais certaines des spécificités prévues (comme la gestion du temps et de la météo) promettent une immersion encore plus profonde dans le virtuel.
Au-delà du jeu de rôle, de nouveaux mondes
A côté de ces jeux de rôle haut de gamme qui constituent la face la plus spectaculaire du jeu sur Internet, il y a quelques autres mondes qu’il faut conseiller au joueur d’explorer. Warbirds et Air warrior (distribués respectivement par Interactive Magic et Kesmai) se partagent la part des simulateurs de vol en ligne. Tous deux axés sur la Seconde Guerre mondiale, ils ont rassemblé au fil du temps des communautés de joueurs fidèles. La plupart d’entre eux se réunissent en escadrons et s’affrontent dans des duels aériens sans merci.
Notons enfin quelques jeux moins connus et surtout moins fréquentés. Tanarus, soutenu par Microsoft, met en scène des combats de chars dans une ville futuriste. Aliens-online fait revivre au joueur l’atmosphère des films du même nom sous couvert d’une chasse aux extraterrestres. Solaris, encore, s’articule autour de combats de robots géants dans une ambiance très Battletech.
Et pour l’avenir ? Les rôlistes ne devraient pas crier famine de sitôt : on murmure déjà qu’un projet Everquest 2 est en cours de développement. Mais ce sont les amateurs d’action pure qui vont être servis les premiers. Quake III, l’enfant chéri d’ID Software, sortira, normalement, à la rentrée, et sera lui aussi exclusivement online. Les versions bêtas déjà disponibles sont impressionnantes, tant au point de vue technique qu’au niveau de l’ambiance du jeu. Team fortress II, la version Internet de Half-Life, devrait également être dans les bacs cet automne. Là aussi, l’ambiance du hit original sera sans doute respectée, mais le jeu devrait se démarquer des habituels doom-like en misant sur la notion de jeu en équipe. Chaque joueur aura un rôle bien précis dans le combat contre l’équipe adverse. Des nuits blanches en perspective…
Reste que pour accéder à tous ces jeux, qu’ils soient de rôle ou d’action, mieux vaut ne pas être hermétique à la langue de Shakespeare. Le jeu sur Internet en français n’existe pas encore. Mais qui sait ? Electronic Arts va peut-être combler cette lacune avec la version européenne d’Ultima online, prévu pour la fin du mois de juin.