Comme chaque année, Romain Brethes et Stéphane Beaujean de la Chro team BD nous propose un live-report from Angoulême, 37e édition de la Mecque de la bande dessinée (du 28 au 31 janvier 2010). Jour 3, the end (relire Jour 1 et Jour 2).
Le palmarès du Festival d’Angoulême 2010 :
Grand prix : Baru
Prix du meilleur album : Riad Sattouf, pour le dernier tome de Pascal Brutal
Prix Fnac SNCF : Paul à Québec, par Michel Rabagliati
Prix spécial du jury : Dungeon quest, de Joe Daly
Prix intergénérations : L’Esprit perdu, de Mathieu Bonhomme et Gwen de Bonneval
Prix Regards sur le monde : Rebetiko, de David Prudhomme
Prix de l’audace : Alpha… directions, de Jens Harder
Prix révélation : Camille Jourdy pour Rosalie Blum
Prix du patrimoine : Paracuellos, de Carlos Gimenez
C’est totalement épuisés et sous l’amicale contrainte de la rédaction que nous rédigeons ce billet en forme de bilan du festival d’Angoulême 2010. Le palmarès à peine tombé, nous n’arrivons guère à formuler de commentaire pertinent, si ce n’est que Stéphane (Beaujean) est incapable de partager l’engouement autour de Pascal Brutal, qu’il tient pour le titre raté dans la bibliographie impeccable de Riad Sattouf. Selon lui, le projet de dénonciation initial d’une jeunesse abrutie en devenir se fait rattraper dès le second volume par une empathie malvenue qui en fait désormais un héros sympathique. Il préférait de loin les premiers gag où la moquerie était cruelle et la peur du futur palpable. On est par contre tous les deux ravis pour Dodier et son Jérôme K., survivant d’une époque révolue, pour Joe Daly, notre chouchou à la rédaction au point que nous nous envolerons bientôt en Afrique du Sud à sa rencontre, pour Jourdy, dont l’éditeur avait par militantisme refusé d’envoyer les précédents albums au comité de sélection, estimant qu’on ne saurait récompenser une trilogie qui ne serait pas arrivée à son terme ; et enfin pour le Gimenez et son inoubliable portrait d’un orphelinat sous Franco. Alpha en revanche appartient, pour Stéphane, décidément un peu chagrin, à la mauvaise branche de la collection Actes Sud, et ne voudrais pour rien au monde défendre ce travail pompier et grandiloquent que seuls des amateurs de falbalas et d’effets savent apprécier. Dans le registre proche de l’édification des masses, nous sommes d’accord pour reconnaître que Robert Crumb et sa bible tout en nuances et en subtilités, manifestement imperceptibles pour beaucoup, méritait bien davantage une récompense. Quant à Rébétiko, la rencontre de Stéphane avec David Prudhomme a largement fait évoluer son opinion initiale. De prime abord déçu par l’approche académique du dessin, Stéphane en reconnaît désormais la justesse. Prudhomme lui a expliqué que ce choix a été pris à dessin pour permettre à son sujet fort complexe et particulièrement méconnu d’être quand même accessible. S’il s’était laissé aller à l’inventivité, l’exigence aurait probablement été trop importante pour que le public s’y intéresse, et le livre aurait été vain. Contrairement à 2009, particulièrement clairsemé en bande dessinée innovantes ou de qualité, 2010 part sur les chapeaux de roue avec une liste de petites perles qu’on a peine à faire entrer dans son intégralité dans le cahier critique de la revue. Dans le désordre, Las Rosas d’Antony Pastor, Les Noceurs de Brecht Evens, Elégie en rouge de Seiichi Hayashi, Blazing combat par plusieurs grands noms du comics des années 50, Gaza 1956 de Joe Sacco, Ashita No Joe de Takamori et Chiba… Rendez-vous l’année prochaine, donc, en espérant que celle qui commence poursuive dans sa lancée.
Lire notre compte-rendu du jour 1 et du jour 2.
Lire notre entretien-fleuve exceptionnel avec le Président de cette édition 2010, Blutch.
Voir le site officiel du Festival