Après plus de dix ans de bons et loyaux sévices au sein de Jad Wio, Bortek se fait l’échapée belle (sur Monstre-toi, le dernier Jad Wio, il était déjà seul aux manettes) et sort un disque sous son propre nom. C’est un homme en partie apaisé (je lâche la guépière mais je garde le fouet) qui livre quelques bonnes vérités à Tête de l’art. En avant pour la seconde vie de Bortek…


Tête de l’art : Je travaille sur moi. Cette phrase à l’intérieur du boîtier CD, ça veut dire quoi ? C’est un album thérapie ?

Bortek : Chaque album est un album qui procède un peu de la thérapie. Mais ce n’est pas seulement ça. Je travaille sur moi, ça veut dire que rien n’est acquis, qu’on est pas une bonne fois pour toute ce qu’on est. On peut changer mais uniquement SE changer, car généralement ceux qui essayent de nous changer ça ne marche pas. Ca veut dire tenter de comprendre les rapports de domination, quand on était enfant au niveau des affects, entre père mère, etc. Il y a pas mal de chose dans ce domaine que l’on peut travailler mais c‘est un travail qui n’est pas un simple, un travail sur la profondeur et l’intériorité dans le but de s’épanouir et de se réaliser en tant qu’être humain.

Comme Kent ou Daniel Darc, tu est passé par un groupe avant ta carrière solo. Cet album, cet un nouveau départ ou un aboutissement ?

Un nouveau départ. Tant que ma vie ne s’arrête pas j’ai rien abouti.

Que gardes-tu de l’expérience Jad Wio ? De bons souvenirs ?

Très bons oui ! C’était une bonne période, une expérience assez sympathique, un peu folle comme je les aime, avec beaucoup de variété, de voyages, énormément de choses positives.

Il y a une fidélité musicale dans ton œuvre, avec la permanence des références sixties et psyché. Qu’en penses-tu ? te sens-tu proche des nouvelles tendances actuelles ?

C’est vrai, ça ressort a chaque fois. Cela correspond à mon éveil musical dans les années 70. C’est là que je prend conscience que j’aime ça et le genre qui est en cours à l’époque, c’est le glam rock. J’aime bien les nouvelles tendances. En fait comme je suis assez ouvert et assez éclectique, il y a des choses qui me parlent bien. La techno-rock ça me parle, la trip-hop aussi. Le Prodigy, le Chemical , ça m’cause, j’comprend bien !

L’autre fidélité et plutôt extra musicale, avec les références à la soumission, au sado-masochisme. C’est toujours vrai ?

Je tends plus vers des chansons qui sont des ballades amoureuses et dans lesquelles sont évoquées les actes d’amour. Il n’y plus les j’te fais mal d’avant. Bien sur il y a des clins d’œil, des petites allusions, comme le tu t’tiens aux barreaux sur Cannibale. C’est aussi direct qu’avant mais y a plus de tendresse, et cela correspond à une maturité que j’ai acquise avec le temps

Ton album est aussi plus organique, avec moins de bandes qu’avant. Ca correspond à quoi ?

C’est un peu Bortek au naturel. Tel que je peut être tout les jours. Ce n’était pas évident mais cela correspond à un désir de me montrer tel que j’étais. Je n’avais plus peur de me cacher. Je trouve que ça n’a pas été évident ces dernières années, j’avais une petite schizophrénie à gérer. Aujourd’hui je me sens plus centré en moi, plus impliqué sur l’extérieur. Je me vis beaucoup mieux, je n’ai plus besoin de me déguiser.

Sur des chansons comme Il est temps d’agir ou c’est ma révolution, tu parles du nucléaire, de la viande. Ce sont des thèmes important pour toi à l’aurée du 21ème siècle ?

C’est important pour toute suite ! On dirait Soleil Vert ! Toutes ces histoires sur la viande, les farines, c’est vraiment Soleil vert ! Toutes les conneries sont bonnes a faire, c’est pas croyable ! Il y a des gens qui sont près à tout détruire pour le profit ! J’avais envie d’évoquer des choses de la réalité, des choses de tous les jours alors que les albums avec Jad Wio étaient plus imaginaires.

Prépares-tu une tournée pour accompagner ton album ?

Pas pour l’instant. Je n’ai même pas de tourneur, mais cela ne saurait tarder. On verra bien. C’est la première fois que j’ai un travail un peu différent : d’habitude on sortait un album et on tournait tout de suite derrière. Là, la maison de disque essaye de faire aller un premier extrait en radio. C’est un procédé que je n’est jamais expérimenté auparavant. Mais je tournerais après. Je suis confiant en l’avenir.

Propos recueillis par