La diva qui venait du froid sort enfin de son igloo londonien pour nous revenir avec un nouvel album, enregistré chez Don Quichotte. Un album qui a bien failli ne jamais voir le jour.
On s’rend pas compte nous autres pauvres communs des mortels ! Si si, j’vous jure on s’rend pas compte, comme c’est dur la vie d’artiste ! Nous, on attend bêtement qu’un album sorte, en se disant « » Ouah putain mais qu’est-ce qu’ils foutent merde ! C’est quand même pas sorcier d’écrire onze titres et puis d’partir en tournée « » !!! Naïfs que nous sommes ! Prenez Björk par exemple. Eh ! bien ce troisième album, on a failli jamais l’entendre. La faute à qui ? La faute à un fan taquin qui faisait rien qu’à embêter notre frêle sylphide islandaise en la menaçant et en lui envoyant la cassette de son suicide ? La faute à une journaliste se faisant trop pressante autour du rejeton Sindri, dans un aéroport asiatique. Ajoutez y quelques déboires sentimentaux avec Goldie et vous comprenez aisément que le successeur de Post, sorti il y a plus de deux ans, a bien failli ne rester qu’un projet. Et convenez aussi qu’il aurait été dommage de rester sur l’anecdotique Telegram, habile compile de remix certes, mais compile quand même. Alors c’est normal qu’on soit content de la retrouver notre esquimaude givrée. Et de la retrouver en pleine forme, bouillonnante d’idées et d’énergie.
Cet été Björk avait présenté son futur Homogenic lors d’un concert promo, accompagnée par une section à cordes. Il y a quelques jours elle squattait le Rex pour un show accapello-samplé improvisé. C’est dire que la dame n’entend pas s’enfermer dans un seul style de musique, la preuve étant la présence de l’incontournable Howie B. et du plus surprenant RZA des Wu-Tang Clan, pour le maquillage final de l’album. Est-ce à dire que dans un futur proche on verra débarquer la nymphette avec casquette vissée à l’envers et pantalon X-Large ? Pas sûr, car Björk aime trop papillonner parmi les rythmes pour n’en épouser qu’un seul. Et comme sur le précédent album, Homogenic regorge de sonorités venues de tous les horizons : flamencos, techno, rap. Restent maintenant deux inconnues : comment transformer tout ça sur scène, sans rien perdre en route, et sans saouler l’assistance avec des délires vocaux lourdingues (concert à la Mutualité le 10 novembre) ; et puis surtout, comment se renouveler après un album qui pourrait bien marquer la fin d’une trilogie, ô combien glorieuse certes, mais aussi sans doute un peu castratrice des multiples talents de ce cube de glace plus incandescent que jamais.