Compte-rendu au jour le jour par Romain Brethes du 33 Festival International de la Bande Dessinée à Angoulême.
Vendredi 27 janvier 2006
Réveil douloureux. Comme d’hab, il va me falloir trois semaines pour récupérer. Je file aux Rencontres Internationales où je dois rencontrer Dupuy et Berberian, ainsi que Andy Watson, un des multiples épigones (anglais celui-là) du plus fameux duo de la bande dessinée franco-belge. Berberian est furieux, Dupuy aussi. Ils ont voyagé debout dans le TGV car le Festival s’était planté de jour dans la réservation de leur billet. Un contrôleur inflexible les a même verbalisés dans la joie et la bonne humeur. Malgré nos craintes, la rencontre co-animée par Thierry Bellefroid (le PPDA belge, qui présente le journal sur la RTBF) se déroule fort bien. Dupuy s’y montre plus nuancé et réservé que Berberian, véritable bête de scène. Quant à Watson, j’ai tendance à largement préférer ses productions comics (type Buffy contre les vampires) ou post-gothiques que ses récits trop lisses sur les bobos anglais. Direction la gare avec Philippe Dupuy, lui pour récupérer sa douce, moi pour récupérer Christophe (Ono-Dit-Biot), mon pote du Point, venu passer la soirée à Angoulême. Il me dit avoir croisé Michel Sardou au Wagon-Bar du TGV, et avoir été surpris par l’infinie pingrerie du deuxième vendeur de disques in France : « Il voulait des nems, et quand on lui a dit le prix, il a finalement demandé deux cafés ». Sur ces considérations, nous montons avec Dupuy et sa moitié dans le taxi du festival et nous devisons de Peur(s) du noir, le film produit par Prima Linea et qui sortira sur les écrans en fin d’année. La fine fleur de la bande dessinée s’est retrouvée dans ce film d’animation (Blutch, Dupuy et Berberian, Charles Burns, Lorenzo Mattotti…) dont le teasing projeté pendant la remise des Prix a intrigué plus d’un et suscité moult commentaires. En gros, « c’est beau, c’est fort, mais ils vont vraiment essayer de faire de l’argent avec ? ». En tout cas, Prima Linea a déjà réussi le buzz du Festival. Sa fête donnée le soir même est réservée aux happy happy few, et l’un des grands jeux de Christophe et moi-même consistera à récupérer les précieux sésames en ouvrant les portes (ce qui sera fait sans trop de mal quand même). Après une rencontre assez pointue avec le fabuleux Frédéric Poincelet (Essai de sentimentalisme) et le non moins fabuleux Jeffrey Brown (voir ce qu’on pense de son Clumsy dans Chronic’art #23, en kiosque le 30/01/06), on se rend au Wagram pour fêter la fin de la présidence de Wolinski, qui semble bien fatigué. Je retrouve Jul, qui s’apprête à lancer un projet très original autour de dessinateurs de presse qui font de la bande dessinée, et pas les plus manchots, à savoir Luz, Charb et Tignous. On en reparle très vite. Il me présente une jeune éditrice bosniaque au charme ravageur, qui m’offre un idéal point de départ pour la rencontre que j’anime avec Bilal demain : les deux derniers albums de ce dernier édités en Bosnie. Plus dans l’actu, tu meurs. On se rend sur les coups de minuit au rencard secret pour la fête Prima Linea, et Vincent nous parle de ses conquêtes féminines au Sénégal, « dont il a noté les noms sur son Palm pour ne pas les oublier » (il y en a une douzaine, au bas mot). Jean-Edern Hallier vit encore à travers lui. En fait, de buzz, comme on s’en doutait, l’ambiance est assez sinistre, malgré la grande beauté des lieux (vieille demeure réaménagée en dancefloor). Nous faisons le tour du propriétaire avec Christophe, qui me dit que ça lui fait penser à Eyes wide shut, « la partouze en moins ». Nous essayons de sauver la soirée pourtant truandée par un Dj paresseux en dansant frénétiquement avec Frédéric Pincelet, aussi classe qu’un Franz Ferdinand, et Sylvie Chabroux, attachée de presse des maisons qui montent (Denoël Graphic, Egoc Comme X, Onomatopées…). Vincent a déjà renoncé et on l’imitera quelques heures plus tard, non sans avoir sifflé quelques bouteilles de Champ’ et avoir devisé avec Nicolas de Crécy sur son projet de film d’animation avec des Japonais : « Ils ne paient pas très bien, mais ils travaillent comme des dieux ». C’est déjà ça. La suite demain.
Lire les comptes-rendus du jeudi 26 janvier 2006 et du samedi 28 janvier 2006