La rumeur annonçait un film hot, et on ne peut que la confirmer : Y tu mama también, énième road-movie tragi-comique, vaut pour son érotisme torride, sa façon assez excitante d’exposer avec naturel la nudité de ses personnages comme leurs ébats. Et si Alfonso Cuaron ne rejoint pas tout à fait la cohorte des auteurs pornographes (Breillat, Bonello and co), il n’en demeure pas moins prompt à suggérer vaillamment une branlette sur le plongeoir d’une piscine ou une partie de triolisme effrénée. Une fille, deux garçons, trois possibilités : la formule a fait ses preuves et sustentera une fois de plus le spectateur sensible aux amitiés ambiguës et aux tempéraments mélangistes. Soit Luisa (Maribel Verdu, vue notamment dans Macho de Bigas Luna), espagnole de vingt-huit ans mariée et dépressive, à qui le hasard fait rencontrer Julio et Tenoch, deux Mexicains à peine post-pubères dont l’existence se résume à la baise, la glande et la biture. Par un concours de circonstances, ces derniers vont convaincre Luisa de les accompagner sur la route, vers une plage lointaine qu’ils ne sont même pas sûrs de retrouver…
La suite est un poil attendue mais la réalisation alerte de Cuaron, le charisme de ses acteurs et la splendeur des paysages mexicains suffisent à maintenir notre attention. Seul petit bémol : une propension limite poseuse à la digression, le cinéaste se croyant obligé de conter, via une voix off omniprésente, les destinées passées ou futures de chacun des personnages croisés par les héros. Un artifice qui, certes, lui permet de dessiner en toile de fond la réalité d’un pays misérable, mais qui résonne aussi comme une sorte de caution morale visant à justifier la focalisation de l’auteur sur des créatures jeunes, sexy et aisées. En dépit de cette anicroche, Y tu mama también remplit parfaitement son contrat. Drôle, sensuel et parfois émouvant, le film réussit à alterner harmonieusement le chaud et le froid, l’euphorie orgiaque et les drames sous-jacents, les plaisirs triangulaires et la tristesse des lendemains de fête. On ne lui en demandait pas davantage.