On hésite devant Voleurs de chevaux entre l’indifférence et la surprise. Le cadre du récit (au XIXe siècle en Europe de l’Est), son intrigue (deux frères cosaques à la poursuite de deux frères voleurs de chevaux) laissent rêveur. On se demande bien qui ce pitch peut attirer. Voleurs de chevaux fait cavalier seul mais un tel hapax mérite d’être salué au moins pour son inactualité : un peu d’air frais dans le cinéma français d’aujourd’hui.
Il y a quelque chose d’attachant dans cette aventure vieillotte qui nous ramène à l’enfance. L’histoire des ces frères héroïques errant dans les forêts de bouleaux, de cabanes en feux de camp, roulés dans des peaux de bêtes, rappellera de lointains souvenirs de western ou de films cape et d’épée. Et peut-être même que certains penseront aux aventures mémorables de Zora la rousse et Dick Turpin qu’on voyait à la télé les mercredis après-midi des années 80.
Mais l’aventure se double d’une solennité pesante. Micha Wald force la dose sur l’évocation de l’âme russe : l’inévitable idiot, la passion et la violence typiques des steppes, la musique aussi, teintée de plainte folklorique. Et si l’on est prêt à mettre certaines redites sur le compte de la fable, le film tombe dans des panneaux pénibles : le viol du frère dans la caserne, la violence crasse des combats, et le jeu ultra rentré des acteurs. La plupart des seconds rôles sonnent totalement faux (le colonel cosaque et les diverses gueules moyenâgeuses) et les rôles principaux plombent un peu l’affaire aussi. On finit par se lasser de l’oeil noir en coin de Grégoire Colin et de la mine de renard pas commode de son ennemi (Adrien Jolivet).
Le scénario s’étire difficilement en traque vengeresse sans qu’on y croie vraiment. Pourtant, dans la mise en scène du duel final, Micha Wald réussit à donner un point d’aboutissement à son film. La scène en plan large commence sur un parterre de feuilles mortes, les deux héros à cheval, et s’achève dans l’antre obscur d’une cache souterraine, jusqu’à l’épuisement absurde des deux ennemis. Inégal, Voleurs de chevaux oscille entre l’épopée des grands espaces et le téléfilm en costumes.