Dès le générique, c’est le grand plouf. Il suffit de voir le nom du cinéaste s’étaler sur toute la surface de l’écran pour situer les enjeux de Vinyan : un énième simili-film d’horreur à la française dans lequel un cinéaste plus anonyme que le dernier des réalisateurs de direct-to-video hollywoodien joue à se déguiser en John Carpenter. Que Fabrice du Welz joue ainsi les kékés avec pour unique trophée à son compteur l’affligeant Calvaire (un objet se rêvant en Massacre à la tronçonneuse belge pour finir quelque part entre France 3 Champagne et les Deschiens), c’est un peu comme si Jean-Michel Gibard, coupable du légendaire Margouillat, décidait de mettre son nom en énorme sur l’affiche de son prochain film (quelque chose comme : Jean-Michel Gibard’s Le Margouillat 2). Au moins Martyrs, le mois dernier, valait par sa modestie à tout tenter sans vraiment sortir la tête de l’eau. Du Welz, lui, jette fièrement ses scènes de ouf à la face du spectateur (l’héroïne tombe à l’eau, dix minutes de sons assourdissants et de va et viens de la caméra pour dire : l’eau ça mouille).
Vinyan, donc : un sous-Apocalypse now trépané dans lequel Emmanuelle Béart et son syndrome « masque de fer » – dont les yeux semblent appeler à l’aide au milieu d’un visage complètement inexpressif – tente de retrouver son fils disparu lors du Tsunami de 2004, aux confins de la jungle birmane. Les intentions de survival poétique sont bien belles, mais du Weltz enchaîne les effets patapoufs à la Noé (visiblement sa seule référence esthétique, sans atteindre une seconde la maîtrise de ce dernier) masquant une fabuleuse incapacité à construire le moindre rudiment de séquence, à tenir le moindre moignon de récit. Le problème, avec ce genre de daube boursoufflée par la prétention (cet insupportable côté « Pasolini et moi, même combat » et la pauvre stratégie d’intimidation qui régit chacun de ses plans en toc), c’est que sa bêtise fière d’elle-même, ce ton de petit touriste blanc se frottant à la grande aventure façon voyagermoinscher.com, cette rébellion esthétique à peine digne d’un clip de Diam’s ne font que creuser un peu plus le fossé encombré de clichés de notre cinéma de genre : rêve débilitant d’une bataille entre cinéma intello des villes et cinéma de la brousse, soit la qualité française souillée par une armée de petits sauvages en culottes courtes. Et plouf le chien.