Vincent Garreau, notre ami et collaborateur qui écrivait pour les pages cinéma de Chronic’art, est mort dans la nuit du 11 février 2013. Nous avons appris son décès avec une immense tristesse. Il aurait eu 30 ans en mars.
Vincent avait rejoint le magazine à l’été 2011. En juin, il nous avait proposé ses services par le biais d’un message très court et d’une grande modestie. Cette modestie, cette exceptionnelle et belle retenue qui caractérisait Vincent, nous avons souvent bataillé avec elle, tant il nous semblait injuste et douloureux de le voir si résolu, parfois, à ne pas reconnaître dans ses écrits l’immense talent qui était une évidence pour tous les autres.
Son nom, sa plume, ne nous étaient alors pas tout à fait inconnus. Vincent avait déjà écrit, quelques années plus tôt, de beaux textes dans la revue Panic. Sur le cinéma de Jean-Claude Brisseau notamment, dont il adorait les films et avec qui, à cette occasion, il avait mené son premier entretien. Il y a deux semaines, Vincent retrouvait Brisseau pour parler avec lui de La Fille de nulle part. Cet entretien, le dernier qu’il aura publié, avait frappé tout le monde par son extrême justesse, et la grande sensibilité avec laquelle Vincent parlait à Brisseau de ses films et de l’émotion très vive qu’ils avaient toujours suscitée en lui. Il avait semble-t-il compris mieux que d’autres leur profonde mélancolie. « On ne s’est jamais vraiment remis du geste du gamin à la fin de De bruit et de fureur », disait-il à Brisseau, mais comme pour lui-même. Il concluait l’entretien en lui rappelant que les derniers mots du film, ceux de l’enfant, étaient ceux du Petit Prince : « J’aurai l’air d’être mort mais ce ne sera pas vrai ».
A relire aujourd’hui le premier texte qu’il avait publié chez nous (sur Le Moine de Dominik Moll, dont il déplorait qu’il lui manquât la chair et le feu du roman, ces émotions ardentes que Vincent cherchait dans ses lectures, dans les films, et qu’il ne trouvait pas ici), on est frappé, comme on l’était à l’époque, par la précision et par l’extrême sensibilité de son écriture. Vincent parlait des images en dessinant autour d’elles d’autres images, patiemment ouvragées, ciselées dans le vif de ses sensations. Aucun de ses textes, ensuite, n’a dérogé à cette application, à cette exigeante discipline que probablement il s’imposait par besoin de rendre un peu (si peu, devait-il penser) de l’émotion que lui donnait le cinéma. Parmi les nombreux admirateurs de ses textes, quelqu’un nous a dit un jour que le talent de Vincent était moins celui d’un critique de cinéma que celui d’un écrivain. C’était juste, et faux à la fois. C’est précisément d’être un écrivain (Vincent avait terminé son premier roman, qui devait s’appeler Le Sol s’ouvre) qui faisait de lui un critique si précieux. Chacun de ses textes était un récit, le chapitre d’un roman où se racontait l’intimité de son rapport au cinéma. Et c’est dans cette intimité que Vincent, par ailleurs si pudique et secret, perçait chaque fois les mystères des films sur lesquels il écrivait.
Au privilège de le lire s’ajoutait pour nous celui de le connaître, et de retrouver dans nos discussions cette chair, ce feu, cet enthousiasme immense et parfois bouleversant qu’il offrait, aussi, à chacun des cinéastes avec lesquels il s’est entretenu. Plusieurs d’entre eux nous ont dit, ensuite, combien ils avaient été émus de le rencontrer et de l’entendre parler de leurs films. C’était une grande joie en effet de l’entendre parler des films, ou des livres – Vincent avait une passion pour Victor Hugo, dont il relisait régulièrement Les Travailleurs de la mer.
Récemment, Vincent avait écrit pour nous un long texte sur un film relativement méconnu de Ken Russell, The Music lovers. Ce texte avait pour lui une grande importance, il lui a donné beaucoup de son temps. D’abord, bien sûr, parce qu’il adorait le film. Mais un enjeu plus fort se nouait autour de ce texte qui disait dans ses premières lignes : « Voir ce film pour la première fois, on dirait que c’est s’en souvenir ». Dans cet enjeu qui nous apparaît plus clairement aujourd’hui, se lit la tâche vertigineuse que Vincent, dans sa modestie, se fixait au moment d’écrire sur les films. D’un bout à l’autre, le texte filait une métaphore des ruines et des décombres autour de ce film « enterré par l’éboulement des décennies », « situé loin sous nos pieds, spectacle à moitié mangé par l’humus, ayant pour spectateurs des taupes ». Une nécessité plus forte que le style se jouait à l’évidence dans cette image : Vincent avait, réellement, abordé le film en archéologue, il avait trouvé un trésor, méticuleusement retiré la poussière autour ; il faisait, avec son texte, le récit ému de sa découverte, quelques années plus tôt dans une salle parisienne. « Cette projection à l’Accattone, disait-il, c’était toucher une ruine et lui sentir un pouls ».
Nous pensons aujourd’hui au talent immense de Vincent, qui n’ira plus sentir le pouls des films. Nous pensons à son extrême gentillesse, à l’enthousiasme et à la générosité sans faille qu’il emporte avec lui.
Nous pensons aux textes, nombreux et magnifiques, qu’il a écrits. Et à ceux, sans doute plus beaux encore, qu’il n’écrira pas.
Nous pensons, avant tout, à sa famille et à ses proches.
Gangster squad
« Les tables tournantes, je les engueule » – entretien avec Jean-Claude Brisseau
Aujourd’hui
Maniac
L’Homme qui rit
L’Odyssée de Pi
The Music lovers
Le Hobbit : un voyage inattendu
L’Age atomique
Au-delà des collines
Le Capital
L’Hypothèse du Mokélé M’bembé
Augustine
Frankenweenie
Les Enfants de la nuit
Paperboy
Insensibles
Savages
Jason Bourne, l’héritage
Le Sommeil d’or
Téodora pêcheresse
Voisins du troisième type
The Secret
La Servante
Total Recall – mémoires programmées
Abraham Lincoln, chasseur de vampires
My soul to take
Les Trois corniauds
The Dark Knight rises
Kill list
Paradis perdu
Adieu Berthe, ou l’enterrement de mémé
Arrête de pleurer Pénélope
Prometheus
Men in black 3
Sur la route
De rouille et d’os
The Theatre bizarre
Chercher le garçon
La Cabane dans les bois
Nana
Low Life
Young adult
La Dame en noir
Possessions
Extrêmement fort et incroyablement près
Ulysse, souviens-toi
Sur la planche
Les Chants de Mandrin
Duch, le maître des forges de l’enfer
The Darkest hour
Anonymous
Louise Wimmer
La Délicatesse
Dernière séance
Le Tableau
L’Art d’aimer
L’Ordre et la morale
On ne choisit pas sa famille
La Source des femmes
Les Aventures de Tintin, le secret de la licorne
Les Trois mousquetaires 3D
The Thing
Bienvenue à bord
Identité secrète
L’Apollonide
La Brindille
Fright Night
Warrior
Destination finale 5
Cadavres à la pelle
Cowboys & envahisseurs
Comment tuer son boss
Attack the block
Le Voyage de Lucia
Le Moine