Précédé d’une rumeur d’oeuvre culte, Versus l’ultime guerrier sort enfin en France après avoir récemment conquis le public du Fantastic’art de Gérardmer. Le film a en effet tout pour plaire aux fans de cinéma de genre, à commencer par la figure même de son réalisateur, Ryuhei Kitamura, auteur indépendant qui a d’abord fait ses armes dans le marché vidéo en tournant des films d’horreur fauchés comme Down to hell (1997). Si Versus est le deuxième long métrage que Kitamura réalise pour une exploitation en salles, on y retrouve pourtant les ingrédients qui font le succès de ces marchés parallèles formés par les confidentielles séries B d’horreur et de gore. A croire qu’après l’Italie et l’Espagne, c’est maintenant le Japon qui est en passe de devenir l’espace de prédilection pour ce type de production.
Versus s’avère être un melting-pot de films de zombies et d’action, le tout largement abreuvé par des flots sanguinolents. Très dense, l’intrigue est difficilement condensable : pour faire vite, après un début façon règlement de compte entre yakusas, Versus se transforme en film fantastique quand notre héros, le matricule KSC2-303, découvre qu’il est dans la Forêt de la Résurrection dont la particularité est d’être hantée par des morts vivants. Pourchassé par Satan et ses acolytes, il doit empêcher que la clé de la porte de l’enfer tombe entre leurs mains.
Plus que par son histoire vraiment trop abracadabrante, Versus séduit surtout par sa liberté de ton, principal atout de ce style de production. C’est d’ailleurs non sans un certain sens de l’ironie que Kitamura filme des yakusas poursuivis par les nombreux morts qu’ils ont eux-mêmes enterrés dans la forêt. C’est quand le film prend de la distance avec le genre et du recul par rapport à son sujet, avec l’utilisation de quelques gimmicks humoristiques (notamment, les torgnoles régulières que flanque le héros à sa compagne pour soit disant la protéger !), qu’il est le plus probant. Même si la réalisation de Kitamura -grand angle et montage saccadé- sert l’histoire avec assez d’efficacité pour nous séduire, le véritable point faible du film -outre son intrigue mystico-new-age- réside dans la longueur de sa dernière partie, le combat final entre Satan et KSC2-303 qui n’en finit plus de ne pas finir. Ecourté d’une bonne demi-heure, le film aurait sûrement été plus digeste même si Kitamura a d’abord prévu une version encore plus longue de 2h20 !