Bien que lancé sous le patronage de références-boulets (Shrek pour le ton volontiers grossier, Chicken run pour le concept du film de guerre ornithologique), Vaillant doit évidemment beaucoup, aussi, aux triomphes répétés de Pixar. Supérieur en cela au lamentable Gang de requins, le film n’en demeure pas moins une lourde parodie involontaire des succès de la firme à la petite lampe magique et bondissante. Intrigue sympathique : une bande de pigeons voyageurs souffreteux se voit confier une mission décisive pour l’issue de la Deuxième Guerre mondiale. Bien sûr, la petite troupe de bras cassés va en surprendre plus d’un.
Qu’est-ce qui déplaît le plus à la vision de cette pochade en images de synthèse ? Son aspect horriblement synthétique, justement : incapable de faire exister le moindre de ses personnages, Gary Chapman joue la carte d’une frénésie en ligne droite, dénuée de toute émotion, où s’enchaînent les séquences bâclées et caricaturales. Si Vaillant n’ennuie pas vraiment, c’est au prix d’un tour de force rythmique qui empêche constamment le récit de se poser, une sorte de run, run, run très neuneu, entre manichéisme et simplification (gentils pigeons contre méchants faucons nazis, scènes sans queue ni tête). La pauvreté de l’imaginaire qui se déploie ici est à peine compensée par la grossièreté compulsive des gags, parfois légèrement jouissifs.
La dernière partie porte à incandescence les limites de Vaillant, suite de mouvements dont la fluidité masque une totale vacance d’idées (la longues poursuite finale, sans le moindre rebondissement porté à son terme). Il y a là un côté grosse série B marchant sur les plates-bandes des chefs-d’oeuvre du genre qui serait presque sympathique si n’était pas passé par là L’Age de glace, seul et vrai exemple réussi de resucée à bas prix des monuments de chez Pixar. Reste une carcasse de film où tout demeure à l’état de brouillon ou d’ébauche, ce que renforce la durée rachitique du programme : 1 heure 20 tout juste, compte à rebours avant l’oubli.