Gilles Paquet-Brenner, kéké méridional de Gomez et Tavares, veut prouver à la face du monde (du moins à celle de la Côte d’Azur) qu’il peut aussi faire du René Clément. Ambiance Plein soleil, ça rigole plus là, on la joue racé, cruel, lutte des classes dans un panier de crabes. Un bellâtre magnétique débarque dans une super villa écrasée par la chaleur : Ripley, pardon Boris, épate le père (Dutronc), la mère (Marthe Keller) et leurs deux bombasses (Laura Smet, Anne Caillon), mais pas André-Pierre, gendre coincé comme ça, mais super lucide dans sa tête.
Tout est question de regard : par exemple, une meuf topless, elle devient toute rose quand on la reluque derrière une grenadine sirop sport. Plus troublant : le lendemain d’un bain de minuit super hot (filtre rouge et petit bisou au son des clapotis), les flics repêchent un corps. Aïe. Au petit-déjeuner, Boris pète son bol de café quand un képi sonne à la porte, la fille est soi-disant toujours sous la couette. Fausse alerte, enfin pas celle qu’on croyait, peuchère, il est fada le Gilles.
On se moque mais cependant on en redemande des pirouettes. Seul remède contre l’ennui, seul moyen de fuir l’inconsistance formelle. Les meilleures séquences seront donc purement ludiques. A défaut d’envoûter, Paquet-Brenner raconte, ce qui fait naître une légère adéquation avec le sujet du film, jeu de dupes moins parfum d’ambiance que bonne vieille devinette tournée en boucle. La partie de tennis, bras de fer pervers sous le cagnard entre l’insolent et le couillon, résume à peu près le circuit dramatique, gros va-et-vient entre deux clichetons. Plantés dans la géométrie du court, Boris, l’insolent, le solaire, triche et provoque, ce qui conforte les soupçons d’André-Pierre le malmené, pendant que les deux sœurs en jupettes en pouffent sur le coté, sans vraiment donner la coupe au vainqueur.
D’où le coté tchatche du film, pas très classe, vaguement récréatif, forcément futile, très barbant à la longue. L’érotisme fait ploc, le suspens flop, les acteurs toc. Que dit le film déjà ? Que les classes sociales sont hermétiques, que les chimères se dissipent tôt ou tard. Tiens, à ce propos, Gomez vs Tavares sort le 13 juin 2007. Plein soleil, ça va deux secondes.