Ben et Katie Jordan sont un couple en crise. Après 15 ans de mariage, les reproches, les mesquineries, les rancœurs ont pris le pas sur l’harmonie des sentiments. Ils tentent de masquer la dure réalité à leurs enfants -qui ne sont pas dupes très longtemps. Profitant d’un séjour de leur progéniture dans un « summer camp » , ils décident de vivre quelques jours séparément. Une Vie à deux, plus qu’une vraie comédie, est une longue cogitation romantique sur le mariage et son principal inconvénient : le divorce. L’auteur de Quand Harry rencontre Sally signe un film peu inspiré et bavard, sorte de rétrospective du couple par lui-même, « flash-backisant » sa propre histoire auprès d’amis de mauvais conseil et de psys mal avisés, cherchant à comprendre de quel mal leur union a succombé. Le duo de stars a du mal a convaincre : Bruce Willis, d’un naturel trop décontracté, peine à mimer la crise de nerfs dans un restaurant chic, tandis que Michelle Pfeiffer s’épanche en sanglots grimaçant sur le canapé (rose pastel, évidemment) de son psychanalyste. Le tout ressemble à une longue conversation psychologisante et béni-oui-oui, où l’on a un peu l’impression de recueillir les peines de cœur d’une vieille cousine qu’on ne reverra pas de sitôt.
Rob Reiner donne maintenant dans le film « adulte », c’est à dire préférant le conseil amoureux et la doctrine sentimentale au mystère et à la fantaisie des personnages. Un montage savant, mêle bon et mauvais souvenirs, scènes de discorde, digressions oiseuses des confidents, etc. Rien ici de la légèreté d’un Lubitsch, dans Illusions perdues, qui en arrivait à peu près au même conclusions, mais par des détours tout de même plus fantasques.
Trop enclin à la psychothérapie, Une Vie à deux dénote surtout l’angoisse des scénaristes et du réalisateur face au problème traité. Comme en témoigne cette fin qui semble lutter avec une certaine mauvaise foi contre la logique du film (celle de la séparation). Car en fin de compte, ce couple somme toute sympathique aurait mérité d’être défendu avec des arguments moins consensuels.