De cette souris verte, on a le sentiment qu’elle aimerait pouvoir avaler des boeufs. Tourné en Grande-Bretagne par un réalisateur français dont le premier film, En Face (avec Jean-Hugues Anglade et Clotilde Coureau, sorti en 2000), n’a jamais pu contredire sa réputation de navet, regroupant un casting hétéroclite et international, orné d’une étiquette légère comme une enclume -le thriller informatique-, Une Souris verte impressionne d’abord par cette manière de foncer tête baissée, sans modestie aucune, à travers un champ de clichés et de déjà-vu. Le film hésite quant à l’actualité de son sujet : faut-il présenter la nouvelle technologie comme un nouveau territoire de fictions encore vierge ? Ou bien la considérer comme déjà digérée par le cinéma, et alors n’en faire qu’un terreau narratif parmi d’autres ? A cela, le film n’apporte pour toute réponse qu’un mélange des deux options, ne cessant de montrer le high-tech dans sa dimension la plus quotidienne, tout en écarquillant les yeux de surprise devant cette incroyable nouveauté que représente une boîte e-mails. L’intrigue, elle, est sans surprise : un jeune nerd (Edward Furlong, le gamin de Terminator 2), est le témoin par webcams interposées du meurtre sauvage d’une jeune inconnue, sorte d’hôtesse d’Internet rose avec laquelle il entretient une correspondance. Très vite les enjeux narratifs se dégonflent à mesure que l’on devine la présence d’une multinationale crapuleuse derrière tout ce cirque macabre.
Le reste est à l’avenant, la mise en scène à la fois prétentieuse dans ses intentions (mélange de régimes d’images, irruption plein écran de caméras de surveillance ou d’écrans d’ordinateur = attention, théorie des nouvelles images, cf. Demonlover d’Olivier Assayas) et cheap dans ses effets, relève souvent de l’habillage -Mathias Ledoux, star de la palette graphique a d’ailleurs conçu ceux de Canal + et M6. Edward Furlong, bientôt soupçonné du crime, poursuit son enquête parallèle pour retrouver les véritables coupables et affronte les forces obscures d’un groupe d’industriels désireux de faire main basse sur l’économie de la vidéo-surveillance. Démesure des oppositions, attirance pour la cavalcade politique que ne manque pas de déclencher un tel sujet et paranoïa de proximité : Une Souris verte se sent pousser des ailes, vise un horizon sans rapport avec ses moyens, sans jamais s’interroger sur ses propres insuffisances, ce qui eût été un bon début.