Quadragénaire en instance de divorce, Jacques vit seul dans un appartement parisien où le désordre et la crasse s’accumulent. Une vie ordinaire et monotone de célibataire, qu’il supporte avec résignation. Il tombe un jour sur la petite annonce d’une jeune femme de ménage, et décide de s’offrir ses services. Laura, voluptueuse et pimpante, remet en état son appartement. Larguée par son copain, elle demande à Jean de l’héberger quelques jours : chacun y voit un remède temporaire à sa propre solitude…
Claude Berri, en adaptant le roman de Christian Oster, parvient à tirer le sujet vers l’autoportrait, genre avec lequel il se débat depuis La Débandade. Jean-Pierre Bacri, à l’aise dans ce rôle de bourgeois solitaire et insatisfait, campe un personnage un peu trop lisible, comme si le metteur en scène n’avait pas su mettre suffisamment de distance entre eux. Du coup, malgré quelques jolis moments, et une justesse de ton qu’il faut reconnaître comme la principale qualité de Berri cinéaste, l’histoire est vue par une lorgnette subjective et nombriliste. Laura (Emilie Dequenne) est la principale victime de ce point de vue restreint : c’est la femme de ménage telle qu’elle est fantasmée par ceux qui en emploient : disponible, souriante, un brin vulgaire, inculte mais « fraîche » et « charmante ». Cliché présenté avec une telle candeur par Claude Berri qu’on en viendrait presque à le lui pardonner. On pense, en contre-exemple, à Quelques jours avec moi, le meilleur Sautet, qui étendait sa vision cruelle des rapports sociaux à plusieurs milieux, quand Berri nous montre sans aucun recul un univers où tout le monde semble être voisin de palier. Claude Berri s’est par ailleurs offert les services du brillant Eric Gautier, chef op’ et collaborateur artistique dont le talent semble ici un peu hors sujet (pourquoi filmer une plage à la manière Gursky, si ce n’est pour montrer qu’on aime Gursky ?). Dans les dernières scènes pourtant, un éclair de lucidité sauve le film in extremis, et lui offre une belle fin, âpre, mais vraie. Pas trop tôt…