Adapté du best-seller homonyme écrit par Jane Hamilton, Une Carte du monde transpose au cinéma la recette efficace qui fait le succès de ce genre littéraire aux Etats-Unis. Au programme, donc, dans ce premier long métrage de Scott Elliott, « l’histoire du voyage en enfer d’une femme et de son retour à la vie ». Plus concrètement : Alice, mère de famille et infirmière scolaire, laisse par mégarde la fille de sa voisine se noyer dans l’étang de sa ferme. La culpabilité qu’elle éprouve la fait sombrer dans une dépression nerveuse à laquelle s’ajoute l’horreur des accusations d’abus sexuels proférées contre elle par la mère d’un garçon de l’école. Alice est aussitôt incarcérée et doit attendre le jour de son jugement dans l’univers hostile de la prison pour femmes.
Comparable dans son propos au récent mélo de Joe Johnston, Ciel d’octobre, Une Carte du monde exalte lui aussi des valeurs aussi saines que le courage (Alice se bat, au propre comme au figuré, pour rester digne et sauver son honneur), l’honnêteté (malgré les réticences de son avocat, elle tient à révéler au procès qu’elle a giflé un élève) et le pardon (la mère de la gamine noyée témoigne en faveur d’Alice). Très académique dans son traitement (le scénario fait s’enchaîner de manière convenue des séquences efficacement chargées en émotions), le film s’inscrit dans cette tradition d’œuvres à mi-chemin entre spectacle cathartique (vivre par procuration le malheur des autres et en ressortir rasséréné grâce au happy end) et manuel pédagogique destiné à inculquer le code moral à suivre. Malgré la prestation convaincante des interprètes principaux (on retrouve avec plaisir Julianne Moore et le trop méconnu David Strathairn), on s’ennuie ferme devant un film qui ne dépasse jamais la frontière de l’attendu. Une Carte du monde se contente ainsi d’exploiter sagement le filon des mélos féminins et autres « combats de femme » sans parvenir à nous émouvoir une seule seconde.