La légende veut que Sharon Stone soit, indépendamment du physique qui est le sien, une femme intelligente. Boostée par le succès de Basic instinct et son jeu de cuisses devenu légendaire, elle a acquis une notoriété longuement recherchée et s’est empressée d’enchaîner quantité de films capitalisant sur son sex-appeal tout en s’efforçant de prouver à tout prix qu’elle est aussi une actrice, une vraie. Après une cohorte de cinglantes raclées au box-office, notre pulpeuse quadragénaire, en l’attente de la suite du film de Paul Verhoeven, réapparaît aujourd’hui dans un nanar pur jus écrit et mis en scène par le scénariste de Cousins et Jacknife, Stephen Metcalfe, que personne, au vu de ses travaux antérieurs, ne souhaitait réellement voir passer derrière la caméra.
C’est pourtant chose faite. Et voici Sharon Stone, comme téléportée quinze ans en arrière, à l’heure de ses cachetonnages laborieux dans des séries Z aussi affligeantes qu’Allan Quaterman et les mines du roi Solomon, Nico ou encore Police academy IV. Sans vouloir insulter le QI de l’ex-partenaire de Michael Douglas, on peut bien se demander si elle était en possession de tous ses moyens lorsqu’elle a accepté de s’engager dans telle galère. La coquetterie peut-être l’aura poussée à endosser ce rôle de strip-teaseuse recyclée dans la petite arnaque qui, prenant la fuite, avec un fleuriste atteint d’une maladie incurable, finit par accomplir une suite d’exploits palpitants : devenir une bonne mère, trouver l’amour et, au passage, changer à chaque plan ou presque de tenue vestimentaire, de perruque et de paire de lunettes. Telle une version hollywoodienne d’Arturo Brachetti qui aurait pour unique accessoire la collection printemps-été du catalogue La Redoute, elle surgit métamorphosée à chaque image. Les amateurs de prêt-à-porter bon marché y trouveront sans doute leur compte, mais cette tentative de comédie policière, dont le postulat évoque celui de l’autrement plus inventif Dangereuse sous tous rapports de Jonathan Demme, rame un peu trop pour que l’on s’y intéresse ; d’autant plus que Stephen Metcalfe a cru bon de jouer sur les sentiments en ajoutant une couche épaisse comme ça de bons sentiments et d’effets mélodramatiques éculés.
Alors, la blonde du titre a beau cavaler (profitons-en au passage pour féliciter les traducteurs, le titre français étant la meilleure translation possible de Beautiful Joe !), il n’y a guère que ses partenaires de cinéma pour courir après elle. Les spectateurs, eux, ont déserté la salle depuis longtemps.