Mais où est donc passé le rock’n roll ? Pas chez Manuel Boursinhac en tout cas, ex-concepteur-réalisateur de bandes-annonces et auteur de plusieurs courts métrages. Un Pur moment de rock’n roll, son premier long métrage, est un conte de fées au pays des camés dans lequel les toxicos croient au destin, sont un peu poètes et finissent par rencontrer leur ange gardien. Une histoire à laquelle on aimerait bien pouvoir croire mais à laquelle on ne peut adhérer vraiment.
Pourtant, ce n’est pas un film désagréable. On rit même souvent (dans la dernière demi-heure, quand intervient Samy Naceri) ; mais à vouloir parler du monde de la drogue et de la délinquance sans être trop dérangeant, le réalisateur tombe en plein dans l’insipide. Son message est une sorte de « tu t’es vu quand t’as bu ? » adapté en « tu t’es vu quand tu t’es piqué ? ». Pendant 1h45, Manuel Boursinhac nous emmène en balade avec un gentil-camé (Vincent Elbaz) qui vole des perceuses chez Monsieur Bricolage avec sa copine (Laurence Côte) ou des bouquins de la Pléiade dans une librairie. Il rencontre ensuite un rebeu-gentil (Samy Naceri, évidemment) qui le délivre de la drogue grâce au sport. Ah ! J’oubliais, on aura appris entre temps « qu’il ne faut pas gerber sur les journalistes », que « la solution passe par les autres », et autres réflexions d’un semblable intérêt. Enfin, la loi du hasard, l’inconscient, Dieu et même la numérologie, sont conviés pour créer un galimatias idéologique censé sous-tendre la « rédemption » du héros.
Finalement, seuls émerge de cet entassement de poncifs le talent des acteurs principaux, qui parviennent malgré tout à capter l’attention des spectateurs.