Dans le paysage cinématographique anglais sinistré par les comédies lourdaudes (The Full Monty), les complaintes prolétariennes (Les Virtuoses), les produits branchés (Trainspotting) et les copies conformes hollywoodiennes (The Hole), Un Eté pour tout vivre ferait presque figure d’ovni. Sans opter pour un ton particulier, le film de Suri Krishnamma est une sensible évocation du mal-être adolescent parfois juste mais, hélas, parfois aussi plombée par un impardonnable penchant pour l’esbroufe.
Jake et Steven, deux garçons de 16 ans, profitent des vacances de Noël pour partir une semaine en France faire du ski avec des copains et leur professeur d’anglais. Filmé à partir de la caméra d’une des filles de la bande, le début du voyage fait s’enchaîner sur un rythme frénétique et avec des cadrages savamment mal fichus les confidences de chacun. Très vite lassant, le dispositif s’achève avec l’irruption d’une avalanche de laquelle seuls les deux héros réchapperont. A partir de ce moment, Un Eté pour tout vivre vire à la chronique désespérée dans laquelle aucun des états d’âme des deux protagonistes ne nous sera épargné. C’est pourtant lorsque le film creuse en profondeur les sentiments de ces adolescents qu’il est le plus touchant, parvenant parfois à une réelle justesse psychologique. Jake et Steven font ainsi le dur apprentissage de la lucidité, la catastrophe qui les a touchés agissant comme un véritable catalyseur philosophique.
Dommage que les choix de réalisation de Krishnamma ne soient alors pas à la hauteur des tourbillons émotionnels qui agitent ses héros. Victime d’un scénario trop riche, Un Eté pour tout vivre s’attarde sur les à-côtés de son récit (la mère dépressive de Jake, les parents « étriqués bourgeois » de Steven) sans pousser jusqu’au bout d’autres aspects plus intéressants et nettement plus dérangeants (le rapport à la mort par exemple). On passera très vite sur les dispensables trips délirants de Jake et Steven qui expérimentent comme il se doit toutes les drogues, pour surtout garder en mémoire quelques beaux moments au cours desquels le cinéaste parvient à capter les errances mystérieuses et poétiques du désarroi adolescent.