Un été à Berlin, c’est chiant comme un hiver à Lamotte-Beuvron. Voici un plausible enseignement proverbial et néanmoins géographico-saisonnier que l’on peut tirer de cet insipide long-métrage teuton, que l’on a bon goût de sortir trois jours après la finale de l’Olympiastadion (à l’heure où ces lignes sont écrites, le résultat de France-Italie n’avait pas été communiqué à la rédaction, ndlr). Elle a bon dos, la coupe du monde. On nous glisse dans l’oreillette que le film d’Andreas Dresen, déjà responsable de Grill point, est l’adaptation du roman d’un certain Michael Kohlhaase. C’est une indication : Un Eté à Berlin relève de la chronique urbaine, genre passe-partout qui consiste à recueillir des anecdotes, divers faits et historiettes de voisinage. Brèves de comptoir, peut-être. Sauf qu’ici la chronique de quartier (le pharmacien serait un peu amoureux de Katrin, la fille de l’immeuble d’en face, que ça ne nous étonnerait pas, hum hum) balance avec une intrigue mal ficelée autour des amours d’un beau brin de fille avec un camionneur bourru et fin comme une choucroute arrosée d’une double-pinte de kro (« nembourg », pas « nic’art »).
L’été à Berlin, il fait chaud, et avoir un balcon c’est très utile : tel est l’argument officiel du film. Sur ledit balcon berlinois, Nike et Katrin aiment à bavarder, on les comprend. Katrin élève seul son fils, elle est au chômage. Nike, propriétaire dudit balcon (vous allez voir, ça a son importance), s’occupe de petits vieux à domicile, et s’amourache d’un taiseux conducteur de 38 tonnes aussi élégant avec les filles que Miroslav Klose est raffiné sur un terrain : c’est la grosse affaire du film, sauf qu’on n’y croit pas une seconde, à ce personnage. Une nuit, Nike enferme ledit routier-pas-sympa sur son balcon, d’où l’intérêt d’en avoir un. Le lecteur attentif remarquera qu’on l’on n’a pas grand-chose à raconter à propos de : Un Eté à Berlin, Andreas Dresen, Allemagne, 2005, 1h45, lauréat d’un Bavarian Film Award catégorie mise en scène. Le lecteur attentif a vu juste : c’est du cinémou, c’est sûr, mais qu’importe, puisque de toute façon, l’été est berlinois.