Hop, c’est l’été des blockbusters qui commence, avec, pour ouvrir le bal, du lourd, du très lourd : Transformers 2, la revanche, par le toujours frais Michael Bay. Grosse inflation de matos, nous dit la promo, façon catalogue de concessionnaire auto : le robot transformable se décline ici en 46 modèles (contre 14 pour le premier volet), soit, apprend-on, 145000 Go d’espace disque occupés chez ILM, et un ordinateur cramé. Au milieu du showroom, Shia Labeouf rempile, quittant cette fois le lycée pour les bancs de la fac tandis que la baston continue entre les robots pour se conclure, joies du tourisme, au pied des pyramides de Gizeh.
Crétin et inoffensif, absolument dépourvu d’idées et découpé avec la précision d’un tractopelle, Transformers 2 ne relève pas spécialement le niveau du tâcheron Bay. Mais il faut avouer que celui-ci trouve, avec la franchise Transformers, un terrain idéal, une sorte de laboratoire où faire pétarader, avec une assez charmante littéralité, son imaginaire de garçonnet. Jouer avec des robots, jouer avec des voitures et des navions : le programme, au moins, est explicite, ne s’encombre d’aucun prétexte. Jouer avec des voitures : voilà qui serait, si l’on voulait faire, pour rire, un peu de politique des auteurs, l’unique diagonale à tracer dans l’œuvre de Bay. Une chose frappe, d’ailleurs. Qu’ici le fantasme à l’oeuvre ne soit pas tant celui de voitures capables de muter en robot (l’argument originel des figurines Hasbro), mais l’exact inverse : que dans le cœur mécanique des robots batte, en secret, celui d’une automobile. Un peu l’inverse de Christine, en somme, la moindre figure, chez Bay, tendant vers un inexorable devenir-bagnole.
D’où cet horizon Stuff Magazine quand il s’agit de filmer la girlfriend de Shia Labeouf (la pin-up Megan Fox). Horizon hétéro-beauf, c’est entendu, mais au fond, c’est, encore une fois, plus un imaginaire purement enfantin qui est à l’oeuvre ici, comme si chaque image était mûrie dans le fantasme d’un petit garçon, embarquant tout ce qui se présente devant ses yeux dans un imaginaire vroum-vroum. D’ailleurs, Bay loupe un truc ici et c’est dommage. A la copine de Shia Labeouf il oppose, au début du film, une rivale, une autre bombasse. Laquelle est également filmée comme une bagnole mais Bay précise l’idée, l’actualise : la fille se révèle être un robot (et donc, suivons la logique, une bagnole). Ce que loupe Bay, ici, c’est l’affrontement entre les deux filles, qui sont les vrais transformers de l’histoire. L’idée aurait eu le mérite d’inscrire pleinement le film dans le cadre teen movie qui semblait le sien (et qui était, un peu plus, celui du premier volet). Elle est à peine effleurée que, déjà, Bay a filé, parti faire vrombir sur d’autres terrains de jeu ses robots, ses avions, ses bagnoles. C’est attendrissant mais sur 2h30, c’est un peu longuet.