C’est l’histoire d’un mec rigolo, qui a fait de la télé, il n’y a pas si longtemps. Parce qu’il a fait rire avec ses copains une grande partie de la France, il a cru que cela lui donnait le droit de faire du cinéma. Seulement la télé c’est pas du cinéma ; cela peut paraître évident, énoncé comme cela, mais beaucoup ne le savent pas ou font mine de ne pas le savoir. Après Chevalier et Laspales, avant Patrick Timsit et Jean-Marie Bigard, encore un comique qui se croit au cinéma comme chez lui. Mais, faute encore plus impardonnable, Dominique Farrugia, contrairement à ses collègues comiques, est un récidiviste ; souvenez-vous, Delphine 1 : Yvan 0.
Pour son deuxième film, il a choisi de nous raconter une abracadabrante histoire de road-movie avec deux politiciens véreux (les inévitables Gérard Jugnot et Thierry Lhermitte) et une jeune femme flic (Aure Atika) qui doit les emmener en prison. Hélas, la France entière est en grève, ce qui va entraver leur périple. Se greffe sur ce dispositif déjà assez balourd, une histoire de CD-Rom compromettant, recherché par deux tueurs à gages armés jusqu’aux dents.
Finalement, Dominique Farrugia est un peu une sorte de gamin à qui l’on aurait mis de beaux joujoux entre les mains (le film est cofinancé par Canal Plus, TF1 et France 2, entre autres…), mais qui maladroitement ne sait que les détruire, incapable de s’en servir. On retrouve ainsi dans Trafic d’influence tout ce qui fait « kiffer » le petit Dominique : des flingues comme dans les films de John Woo, des poursuites en voitures comme dans les films américains, des explosions, un son THX trop puissant, et des gags tout plein. Mais le pire, c’est que le petit Dominique ne se contente pas de s’amuser avec ses jouets, il faut aussi qu’il nous donne des leçons de civisme : entre deux grosses cascades, le réalisateur distille ses points de vue d’écolier. Ainsi, le film se veut aussi une comédie de mœurs bien grossière sur les politiciens corrompus, le droit de grève, et même la société entière.
Le film ne dépasse pas le niveau rase-mottes des clichés avec des tueurs super méchants, des gendarmes ringards et lourdauds, un garagiste beur sympa, et une femme flic moderne (jamais une actrice n’aura joué aussi faux que Aure Atika dans son rôle). Prétentieux, maladroit et lourd, Trafic d’influence est bien le jouet d’un enfant trop gâté. Un tour au piquet lui ferait du bien, à nous aussi…