Vite fait, mal fait, The Quickie frappe d’abord par son manque d’originalité : on s’y retrouve comme face à un long métrage quelconque, signé par personne, le copiage maladroit des uns et des autres empêchant de distinguer, sinon une façon de faire, au moins un point de vue sur ce qui est raconté. Si la voix off qui ouvre le film joue la carte de l’humour en annonçant au spectateur que ce qui va se suivre est bien « une histoire d’amour et d’argent » de plus, avouant le terrain archibalisé où va s’ancrer cette histoire de maffioso en quête de repentance, le reste ne fait que confirmer l’aveu d’impuissance inaugural et l’impossibilité à apporter un peu de nouveau au genre « visité » : le film noir post-Godfather.
On sent que Sergeï Bodrov, le réalisateur, a vu beaucoup de films, ou plutôt les mêmes plusieurs fois : The Quickie commence comme Le Parrain 3 (grande réception familiale avec désir de rédemption pour le chef de clan, puis menace sur ledit chef par un ennemi inconnu), fait une parenthèse érotique soft (strip-tease pas désagréable de quelques call-girls venues de l’Est), se poursuit en son milieu par un improbable épisode à la Pretty woman (le coup de foudre entre le maffioso menacé et magnanime et la paumée avec fille placée en famille d’accueil) pour s’achever en un mauvais James Bond façon « Bien baisé de Russie« . Le problème n’est pas tellement que Bodrov emprunte -le procédé est vieux comme le cinéma et a donné naissance à quelques grands-, mais qu’il ne trouve pas de rythme pour « mixer » l’ensemble, chaque fragment fonctionnant de manière quasi autonome, sans lien avec les autres : le film court ainsi après son identité : un comble pour une histoire de gangsters d’origine russe installés en Californie et pour un film de genre si marqué.
Si l’on parvient à prendre un peu de plaisir à l’épisode « La Belle et le Bête », c’est sans doute que Bodorov est dans une empathie plus forte avec ce créneau du mélo ironique et que les comédiens rendent là crédibles des situations qui, ailleurs, sonnent terriblement faux : Jennifer Jason Leigh est très convaincante en jeune maman paumée, reconvertie en tueuse de cafards West Coast. Quant à Vladimir Mashkov, incarnant le rôle-titre d’Oleg (d’origine russe rappelons-le), s’il lorgne davantage vers Rocco Siffredi dont il a la plastique et la moue rageuse que vers Al Pacino-Michael Corleone, double inaccessible, mirage de ressemblance, il est souvent touchant dans sa manière très appliquée et très responsable d’assumer son rôle-titre de chef de famille et de « chef de film » en quelque sorte. Mais où est le réalisateur ?