The Edukators, c’est le nouveau film pour les jeunes. Mais c’est aussi le nom de code des héros, qui cristallise tout un programme vachement dérangeant et hyper bien trouvé. Ils sont trois : deux mecs et une nana. De gauche tendance radicale, même que la bande à Baader à côté c’est que des bouffons. Parce que les « Edukators », ils sont malins et comprennent bien que la violence n’a aucun intérêt. Les bourgeois, ils les terrorisent en mettant le bordel dans leurs pavillons de banlieue. Un post-it du style « la révolution est en marche » posée sur la télé et puis hop, ils filent dans leur van tout pourri avant que la police municipale ne leur file une raclée. Jusqu’au jour où un des riches propriétaires les prend sur le fait. Dans la précipitation, ils le kidnappent. Commence alors un autre film, huis clos montagnard faussement tendu où l’otage, ancien militant gauchiste passé au grand capital, s’avère insidieusement manipulateur.
« Ambiance, ambiance » ne cesse alors de nous susurrer bruyamment le réalisateur Heins Weingartner qui croit tenir la situation du siècle avec ce Buongiorno notte du pauvre. Pourtant, de révolution il n’y aura jamais, seulement un ramassis de clichés sur l’adolescence décérébrée que le film pétarade à qui mieux mieux. Comble du comble, The Edukator préfère le consensus au souffle naïf, des procédés éculés de gros malin au cynisme. Dans la mise en forme, Weingartner se raccroche piteusement à l’académisme du cinéma « djeuns », soit une caméra à l’épaule, une photo cradasse, des jeunes acteurs tout mignons et une B.O. pop que les fans iront acheter ensuite à la Fnac. Même encéphalogramme plat sur le plan narratif : dispositif de pieds nickelés (l’intello, l’idiot et la fille en trait d’union), bluette digne de n’importe quel teen-movie d’Hollywood, pirouettes aussi grossières qu’attendues.
Mais c’est surtout dans son traitement empathique que le film atteint un summum d’horreur. Chaque propos des personnages est écouté religieusement comme une révélation juste sur notre société en marche. Au final, Weingartner, en penseur pseudo cool de notre société, en tire des conclusions, nuancées évidement, parce qu’il est humble et qu’au moins son film sert à prouver qu’il est difficile de révolutionner le système vu sa perversion généralisée. On aurait même préféré la vachardise grossière d’un Chatiliez à cet exposé alambiqué et creux, noyé par son jeunisme de grand benêt.