Difficile d’imaginer une suite au Koh Lanta cavernicole de Neil Marshall, dont la réussite tenait pour beaucoup à de purs effets de surprise et de sidération, ce côté petite bombe sortie de nulle part qui en avait fait un phénomène immédiat. Ce second volet impressionne pourtant quelques minutes par sa manière très frontale de relancer la machine, sans chercher le moins du monde à justifier l’ingratitude de son statut : l’intrigue se limite à replonger directement dans la grotte fatale quelques jours à peine après la fin du premier, dans l’espoir de retrouver des survivantes. Belle idée que cette façon d’imposer à la seule rescapée amnésique, forcée à retourner en enfer avec une bande de sauveteurs pas trop finauds, un retour aussi improbable à la case départ : les grottes deviennent une sorte de mémoire du premier opus, et le film une archéologie des peurs restées durablement imprimées dans l’esprit du spectateur.
Mais la tension retombe forcément dès l’arrivée des monstres, le film peinant à trouver un équilibre entre redite pure et timide tentative de customisation (on montre désormais les bestiaux dégénérés de manière continuelle et systématique). La mise en scène du néophyte Jon Harris assure malgré tout une efficacité minimale, mais le problème vient avant tout d’une économie des personnages frôlant parfois l’aberration (retours imprévus, disparitions inexpliquées) transformant la caverne en une sorte de petit théâtre de boulevard. L’idée en soi n’est pas désastreuse (l’humour qui affleure souvent, via notamment un personnage de shérif boulet hilarant), mais la question de l’effroi, véritable nerf du premier film, explose ici en une série de déflagrations dans le vide. Plus forts, hurlants comme des bêtes enragées, les monstres, sortes de super-prédateurs quand ils n’étaient que de vagues moignons d’humanité chez Marshall, sonnent un peu creux, un peu faux. Comme le film.