Le cinéma fantastique, actuellement en pleine résurrection -entre remakes inspirés et films qui tentent de renouveler le registre-, est surtout en train de remodeler ses caractères féminins. Terminée l’ère des bimbos, chair à serial killers et autres monstres de tous poils qui régnait dans les années 90. Les années 2000 marquent le retour des héroïnes qui « n’en veulent ». Ainsi de Maria Bello dans The Dark, qui cherche à sauver à la fois son mariage et sa fille, prisonnière d’un équivalent celtique des limbes, aidée par le fantôme d’une autre gamine. On a découvert John Fawcett il y a trois ans via la cinéphilie parallèle que sont les sorties directes en DVD. Ginger snaps, variation inédite de la mythologie des loups-garous avait un vrai charme et surtout de vraies idées. On n’en dira pas autant de The Dark, film qui fait son marché dans le panthéon du cinéma fantastique, en empruntant autant à Poltergeist, Ring, The Fog, Simetierre, The Wicker man, Ne vous retournez pas…
C’est donc rien de dire que le scénario de The Dark n’est pas d’une grande originalité. Fawcett fait néanmoins dans le recyclage habile via une mise en scène aussi inspirée que cohérente, entièrement concentrée autour d’une mère courage, rejoignant une cohorte de walkyries prêtes à tout pour défendre sa progéniture. Le cinéaste poursuit avec elle la voie ouverte avec Ginger snaps : ce regard sur la féminité comme une forme de malédiction, comme une animalité viscérale. Sans atteindre son niveau, le réalisateur canadien galope après les mêmes théories que Neil Marshall et The Descent, pour marquer son film d’un désarroi masculin actuel. On peut même voir dans The Dark, au vu du sadisme appliqué au personnage central, une sorte de test de résistance appliqué à cette nouvelle génération de femmes. Maria Bello, étonnante en cobaye du jour, prouvant décidément qu’elle est l’actrice du moment. Dommage que le film, lui, ne sache pas résister à des clichés poussiéreux. The Dark aurait pu être un remarquable film fantastique contemporain. En l’état, il n’est qu’une honnête série B possédant une atmosphère (et des tiroirs) un peu au-dessus de la moyenne.