Réalisé en 1996, soit un an avant Pajarico, Taxi de Noche est un peu moins mauvais que celui-ci. Le sujet, déjà, est plus audacieux : « La Famille » (des chauffeurs de taxis de nuits) décide de « nettoyer » Madrid, c’est-à-dire de débarrasser la ville de ses junkies, prostituées, étrangers, travestis et homosexuels. Problème : la fille de l’un de ces néo-fascistes va tomber amoureuse de Dani, le plus jeune des membres du groupe.
Ce qui aurait pu constituer une intéressante chronique du fascisme ordinaire (le personnage de Reme, malgré tout attachant, en est la seule trace) n’est malheureusement qu’une lourde charge contre la résurgence du franquisme. Quelques exemples : l’héroïne du film, qui s’oppose à « La Famille » se prénomme Paz (« paix » en espagnol), tandis que les chauffeurs de taxis lèvent le poing en signe de ralliement et sont dirigés par un extrémiste dont la folie est plus qu’évidente. L’histoire d’amour censée stigmatiser l’ensemble des antagonismes éthiques et politiques au cœur du film est plus qu’attendue : Paz, après moultes péripéties, finira par ramener Dani à la raison. Quant aux victimes, Saura ne leur laisse guère le temps d’exister. En effet, chacune semble représenter un type de marginalisation bien précis, comme des mannequins sans vie portant des masques censés les identifier : le noir, la droguée, le transexuel…
Bref, un programme « sur-balisé » qui, paradoxalement, parvient à ne pas trop ennuyer le spectateur (prêt à tout subir, il est vrai, après la vision de Pajarico…).
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