Taxi 2 sera sans doute l’un des plus gros cartons de l’année. Que peut-on y faire ? Rien, si ce n’est se lamenter encore une fois -quitte à passer pour un critique prévisible- sur la médiocrité d’un certain spectacle à la française. Car le film de Gérard Krawczyk est un objet détestable, uniquement obsédé par la recette du succès. Une recette qui a fait ses preuves avec le premier volet et que le second se contente donc de réchauffer.
L’ingrédient fondateur du récit se résume à la mise en place de quelques personnages très typés : un chauffeur de taxi aussi fonceur que malin (Samy Nacéri), des flics à côté de leurs pompes (Frédéric Diefenthal, Bernard Farcy), un général survolté (Jean-Christophe Bouvet, d’ordinaire mieux entouré), des méchants venus d’ailleurs (ici, des Japonais), sans oublier une poignée de bimbos au caractère et au sexe bien trempés (Emma Sjöberg, Marion Cotillard). Pour évoquer le reste, deux mots suffisent : cascades et gags. Dans Taxi 2, les voitures roulent à 306 km/h, provoquent des carambolages monstres, résistent aux missiles et volent au-dessus des tanks. Pourtant, tout cela n’impressionne guère, comme si cette surenchère avait fait disparaître le moindre danger, et, par là même, la notion de suspense. Puisqu’il sait d’emblée que Daniel est un conducteur hors pair et qu’un happy end s’impose, le spectateur ne s’inquiète jamais pour lui et assiste sans frémir à ses exploits automobiles. Alors, peu importe que l’on passe de Marseille à Paris ou que le héros affronte des ninjas ou sème des keufs, car les effets demeurent les mêmes, absorbés par un déluge de plans hachés et de musique mal employée (raï, techno, Yves Montand : tout le monde doit y trouver son compte). Quant à l’humour, il se limite à un festival de vannes racistes (les Japonais sont surnommés les Niak’ tout au long du film) et homophobes (lorsque Samy Nacéri joue à la folle pour provoquer la flicaille, on touche le fond) dont celle qui suit, particulièrement redoutable. Le commissaire apprend à ses troupes infantilisées à dire « bonjour » en japonais grâce à des mots bien d’chez nous ; ainsi, par la magie de la pédagogie franchouillarde, « konichiwa » devient « con-nichon-aaah »… En un mois et deux films (Le Libertin et celui-ci), le cinéma hexagonal a de quoi avoir honte pendant un bon bout de temps. Un conseil : si les salles de Taxi 2 sont trop pleines, courez voir Ainsi soit-il de Gérard Blain, un type qui, lui au moins, ne prend pas ses spectateurs pour des cons.