Les attentats du 13 novembre dernier donneront certainement une trouble résonance au nouveau film de Nicolas Saada, inspiré de la vague d’attaques terroristes qui inonda la ville de Bombay il y a exactement sept ans. Rien qui puisse, néanmoins, masquer le naufrage de cet embarrassant croisement entre Piège de Cristal et une sitcom KD2A, reconstituant le calvaire authentique d’une étudiante partie vivre en Inde et soudainement prisonnière d’un hôtel pris entre les flammes et les tirs de Kalachnikov.
Broyée sous la nullité artisanale du film, l’intention originale était pourtant louable, Saada souhaitant prendre à revers le sensationnalisme et la causalité télévisuelles pour une approche délibérément béhavioriste de l’événement. Tout le film se replie ainsi sur le visage désemparé de son héroïne qui, coincée dans sa chambre telle une princesse dans son donjon, est condamnée à ne rien faire, prise en étau entre la peur de mourir (hors champ, le film déverse un incessant tapage d’explosions, de coups de feu et de hurlements) et l’espoir de s’en sortir (via son téléphone, la captive communique constamment avec ses parents).
Une quête de sécheresse et de simplicité qui aurait pu se révéler payante si elle ne s’effondrait sous le poids de sa propre impuissance : en maquillant son manque visible de moyens par un principe de rétention encore plus visible, Saada peine à créer une sensation d’angoisse et de menace crédibles — pas franchement aidé par un trio d’interprètes qui ne donne pas une seule seconde l’impression d’y croire. Taj Mahal, en cela, souligne cruellement les limites de son premier essai, Espion(s), autre exercice de style perdu entre tourisme et terrorisme, Bresson et Hitchcock, dans lequel Guillaume Canet, disons-le, s’en sortait tout de même beaucoup mieux que Stacy Martin.