On y croit l’espace de quelques secondes, avant de déchanter tristement : Studio 54 ne sera pas le film-disco ultime, l’union cinéma du sexe tous azimuts et de la musique des Communards, l’hymne tant attendu aux platform-boots et aux moule-bites argentés, la célébration des plastic-people, de leur futilité et de leurs dérives nocturnes. Pourtant, tous les ingrédients y sont, mais la sauce ne prend que rarement.
Fin des années 70. Shane (Ryan Phillippe, le perfect-boy U.S. du moment) rêve de s’ouvrir les portes du mythique Studio 54, night-club sulfureux prisé par la jet-set new-yorkaise dont l’accès ne se fait qu’au look du client. Bien entendu, Shane, avec sa gueule d’angelot et son petit cul, n’aura aucun mal à se frayer un chemin vers l’antre et en deviendra même l’un des piliers, à la fois serveur et baiseur sur commande. La reconstitution (le Studio 54 a réellement existé) de cet univers très surfait est assez irréprochable. De la bande-son d’époque (Blondie ou Donna Summer) aux guest-stars d’outre-tombe (Andy Warhol, Truman Capote, interprétés ici par des inconnus), rien ne manque à la liste. En revanche, l’inventivité n’est pas vraiment de mise. Et si l’ensemble du catalogue est, en effet, très cinégénique -comment résister à l’imagerie de la débauche sur fond de Jimmy Sommerville ?-, la réalisation de Mark Christopher demeure trop simpliste pour enlever le morceau. En se contentant d’inscrire sur pellicule les éléments et situations donnés, Christopher échoue à représenter l’événementiel de pacotille ou le côté fascinant de ces corps détestables à force de beauté. Plus grave : ce manque de style -un comble pour un tel film- est rendu encore plus flagrant par un scénario purement hollywoodien qui accumule les séquences politiquement correct (ce sexe et cette drogue à tout va, c’est quand même scandaleux…) et lasse par sa structure perpétuellement binaire (une scène dans la boîte / une scène plus « narrative » -c’est-à-dire qui ne sert à rien- en-dehors / une scène dans la boîte, etc.).
Trop policé et cul-serré pour donner vie à ses personnages (malgré un Mike Myers impeccable en patron mégalo et toujours stone) et trop timide dans sa mise en scène pour éblouir, Studio 54 n’est qu’un divertissement sympathique mais sans conséquence. Pour l’éloge de la nuit festive, on repassera…